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Raphaël Helle - Quand le textile français renoue le fil
avril 2022
On ne naît pas photographe, on le devient et, dans mon cas, ce fut après avoir emprunté quelques détours dont le premier était… l’obtention d’un BTS fabrication textile, option tricotage. Ma découverte du monde du travail, au milieu des années 80 à Troyes, s’effectua auprès des bonnetiers, dans le cliquetis assourdissant des métiers à tricoter la maille stretch, puis dans un atelier coutures où 400 femmes penchées sur des machines à coudre produisaient des grenouillères à des cadences redoutables. Aussi ai-je décidé de débuter ce reportage sur le textile par Troyes.
Ma première visite en arrivant ce soir de janvier face au soleil couchant fut pour Fra-For, mon ancienne usine. Au début des années 70, 75% des salariés de l’industrie textile française, soit près de 25 000 personnes, résidaient à Troyes, l’équivalent d’un tiers de la population de l’époque. La capitale française de la bonneterie regroupait les principales usines et marques hexagonales. Le déclin s’est amorcé dans les années 1980, La crise, puis les délocalisations, vont dévaster cet univers industriel, à l’exception de quelques sociétés toujours en activité aujourd’hui. L’usine Fra-For, signe des temps, a été réaménagée en 2016 en… maison de retraite, après un projet avorté de logements de luxe. La haute cheminée en brique a été conservée, et dans un angle, juste derrière l’illustre marque Babygro, subsiste la ruine de mon atelier de tricotage. Aujourd’hui à Troyes 3 500 personnes environ vivent encore de la bonneterie.