Ceci n'est pas le portrait de Vercingétorix !

Durant des siècles, Vercingétorix ne fut qu’un nom. Celui du vaincu d’Alésia dans le récit de guerre rédigé par son vainqueur César (Bellum Gallicum). Au XIXe siècle, les choses changent.

 

Monnaie, Statère, or, fonds celtique, Arvernes (Type VERCINGETORIX), BnF, Département des Monnaies, médailles et antiques

 

En 1837, on découvre une pièce d’or gauloise, un statère, au droit duquel se lit un morceau de texte ]INGETORIXS, le début étant hors du flan – trop court – de la monnaie. Un espoir se lève chez les érudits, mais ce n’est qu’en 1852 avec le trésor de Pionsat (Puy-de-Dôme) que les choses sont établies. L’infortuné chef du dernier sursaut gaulois a bien frappé des monnaies, témoignage indubitable de son action. Des espèces qui portent aussi, en apparence, l’image du valeureux guerrier. Ceci n’est cependant qu’une illusion. Le profil juvénile aux cheveux bouclés associé au nom de Vercingétorix se retrouve en fait sur de très nombreux statères arvernes, anonymes ou non. C’est en réalité l’effigie du grand dieu lumineux des Celtes, l’homologue de l’Apollon grec.

Le nom de Vercingétorix lui-même est trompeur. Ce n’est pas un nom de naissance. Son père, Celtillos, notable et magistrat gaulois, n’a pas pu désigner son nouveau-né comme Uer-cingeto-rix, c’est-à-dire « Chef suprême des guerriers ». Il s’agit-là bien plus d’un titre, marque d’une haute fonction, que l’audacieux initiateur de la grande révolte gauloise a pu revêtir en devenant commandant en chef de l’armée des Gaulois coalisés. On ignore comment périt celui qui mit César en échec devant Gergovie. Fut-il étranglé lors des triomphes du proconsul en 46 av. J.-C. ? Mourut-il obscurément des suites de sa captivité ? Promu au XIXe siècle première grande figure du roman national, il dut au caprice de découvertes fortuites de réapparaître à nos yeux, sans que le halo de mystère qui l’environne n’en soit réellement dissipé.

Dominique Hollard

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