Poupée en os articulée du IVe siècle : une ancêtre des poupées modernes

Cette poupée en os, conservée les collections Monnaies, médailles et antiques et exposée au musée de la BnF, a probablement été fabriquée au 4e siècle, il y a presque deux mille ans. Émouvante par son ancienneté, elle l’est aussi pour une autre raison.

Dans l’Antiquité, ce type de poupées est lié aux rites de passage des jeunes filles, qui les consacrent à Vénus avant leur mariage. Symbolisant leur fonction d’épouse et de mère, ces figurines articulées – « pupa » en latin – représentent des femmes adultes, comme le montrent la coiffure (ici en turban, à la manière des impératrices de l’époque constantinienne), la forme des seins et le pli des aines. La présence des bottines, ainsi que la découverte de fibres de tissus sur certaines poupées suggèrent qu’elles étaient vêtues et probablement peintes et maquillées, remplissant un rôle initiatique qui existe encore dans les versions modernes. Attribués aux jeunes filles dès le plus jeune âge, ces jouets empreints d’une très forte charge symbolique constituent également l’unique dépôt funéraire qui permet d’identifier la présence d’une enfant.

Poupée articulée en os (inv.52bis.7765) - BnF, Monnaies, médailles et antiques.
Ce modèle articulé, conservé dans les collections des antiques de la BnF, pourrait justement provenir d’une niche funéraire : des traces de mortier au revers de la tête suggèrent en effet que l’objet a pu être inclus dans une paroi, comme c’était l’usage dans les catacombes de Rome. Plusieurs niches, creusées le long des galeries souterraines, y accueillaient en effet les corps des défunts ainsi que leurs biens, qui pouvaient être directement insérés dans les murs. Cette poupée si bien conservée aurait-elle donc appartenu, au 4e siècle, à une petite fille qui mourut prématurément ? Cette hypothèse rend d’autant plus émouvant cet objet millénaire…