Le rouleau du Marquis de Sade : restauration d’un monument littéraire

33 feuillets collés bout à bout pour un total de 11,85 mètres de long. Sur ce manuscrit, le Marquis de Sade a mis au net le texte des 120 journées de Sodome, dans son cachot à la Bastille en 1785. Acquis par la BnF en 2021, le rouleau a fait l’objet d’une importante campagne d’analyses, de restauration et de numérisation. Retour sur ce trésor littéraire exploré jusqu’au moindre détail, et exposé dans le musée de la BnF.

 

La restauration du rouleau de Sade - © Béatrice Lucchese / BnF

 

Caché, volé ou perdu, restauré : le rouleau dans son contexte

Incarcéré à Vincennes depuis 1777 pour affaire de mœurs, Donatien Alphonse François de Sade, connu comme le Marquis de Sade, est transféré à la Bastille en 1784. Dans son cachot, il met au net sur une longue bande de papier les brouillons des120 journées de Sodome, texte fondateur de son œuvre. Le roman se situe à la fin du règne de Louis XIV : quatre aristocrates libertins s’enferment, en plein hiver, dans un château de la Forêt Noire avec quarante-deux victimes qui sont soumises à leur pouvoir absolu pendant quatre mois.

L’authenticité du rouleau ne fait aucun doute, on y reconnaît la calligraphie minuscule du Marquis de Sade. Il a probablement fabriqué lui-même cet objet extraordinaire, facile à rouler puis dissimuler dans un étui ou une cache : 33 feuillets collés bout à bout, écrits à l’encre noire au recto et au verso entre deux filets d’encadrement, pour un total de 11,85 m de long sur 11,4 à 12 cm de large. Sade annote au recto du dernier feuillet :

« toute cette grande bande a été commencé le 21 octobre 1785 et finie en 37 jours ».

Le rouleau du Marquis de Sade en cours de restauration - © Béatrice Lucchese / BnF

Dans la nuit du 4 juillet 1789, le Marquis est transféré à Charenton pour cause de tapage, sans qu’on lui laisse rien emporter. Au moment de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, ses affaires sous scellés sont pillées, y compris tous ses manuscrits. Sans doute récupéré par un certain Arnoux, maçon originaire de Saint-Maximin, dans le Var, le rouleau réapparaît à la fin du XIXe siècle dans les collections de la famille provençale Villeneuve-Trans. Il est acheté entre 1901 et 1904 par le médecin berlinois Eugen Dühren, qui publie la toute première édition du texte des120 journées de Sodome à Berlin en 1904, une transcription très imparfaite.

Rapatrié en France après son achat en 1924 par Charles et Marie-Laure de Noailles, le manuscrit est volé à la fin des années 1980, et vendu au collectionneur suisse, Gérard Nordmann. À sa mort en 2013, il est acquis par la société Aristophil, puis saisi après la faillite de cette société et mis en vente dans ce cadre en 2017. Classé « Trésor national », le rouleau de Sade a pu être acheté par la Bibliothèque nationale de France grâce au don d’un généreux mécène, et a rejoint en juillet 2021 les Archives de la Bastille, conservées à la Bibliothèque de l’Arsenal. Il porte la cote MS-15877.

 

Restaurer le manuscrit : une aventure collaborative

Le rouleau des 120 Journées du Marquis de Sade est un objet patrimonial unique, par sa préciosité et par son format. À son arrivée dans les collections de la BnF, le manuscrit est très fragilisé sur les marges, notamment sur les premiers feuillets : deux morceaux se sont détachés, et d’autres sont susceptibles de l’être. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ces dégradations : l’oxydation de l’encre noire, qui a parfois corrodé le papier en créant des déchirures le long des filets, ou des trous au sein du texte, ainsi que la manipulation du rouleau au cours de son histoire mouvementée, qui a endommagé ses marges.

Les restauratrices se retrouvent face à un document qui comporte des contraintes particulières :

  • La préciosité : c’est un trésor national conservé dans un coffre dont l’observation, l’étude, et la restauration doivent être très limitées dans le temps et pensées à la journée. 
  • Le format en rouleau du manuscrit : les points de repères habituels sont bouleversés. Dans un livre, les feuillets sont foliotés ou paginés, facilement accessibles et comparables. Dans un rouleau, il est difficile de se situer précisément, et l’accès aux différents feuillets entraîne une manipulation complexe, mobilisant deux personnes.

La restauration de ce manuscrit atypique a généré un investissement collectif hors du commun, faisant appel à l’expertise de plusieurs autres services de la Bibliothèque nationale de France. Pilotée par l’atelier de restauration de la Bibliothèque de l’Arsenal, cette aventure humaine et technique a impliqué le laboratoire scientifique du Département de la conservation pour l’analyse des matériaux, l’atelier de conditionnement pour la fabrication d’un nouveau support et d’une boîte de conservation, et l’équipe de numérisation du site François-Mitterrand.

Réunion avec l’atelier de conditionnement pour concevoir un support et une boite de conservation pour le rouleau de Sade - © Anne-Laure Fessart / BnF

 

Étudier le rouleau : le constat d’état

Avant toute intervention, l’état du rouleau est documenté dans les moindres détails. Installé dans les locaux de l’atelier de restauration, il est déroulé sur plus de deux mètres sur un plan horizontal pour le constat d’état photographique. Deux types de prises de vues sont réalisées pour garder la mémoire de l’état du document avant intervention : 171 clichés en lumière réfléchie (avec un éclairage latéral permettant de faire des photographies classiques) recto puis verso, et 33 clichés en lumière transmise (sur table lumineuse). Cette dernière prise de vue permet d’observer le rouleau en transparence, en révélant les marques de fabrication du papier, tels que les filigranes*, qui ne sont pas visibles à l’œil nu.

  • Prises de vues
    Description ci-après
    © Atelier de restauration de l’Arsenal

    Prises de vues

    Les deux prises de vues photographiques du rouleau sont réalisées conjointement : en lumière réfléchie (lampes latérales) et en lumière transmise (table lumineuse).

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Lumière réfléchie
    Description ci-après
    © Atelier de restauration de l’Arsenal

    Prise de vue à la lumière réfléchie

    Pour effectuer la prise de vue en lumière réfléchie, les restauratrices ont fabriqué un cache en carton, muni d’une fenêtre. Le cache est déplacé de 7 centimètres à chaque prise de vue, tandis que le manuscrit est déroulé petit à petit, recto puis verso, avec pour chaque feuillet 2 à 3 prises de vues. Le résultat comprend 171 clichés qui couvrent l’ensemble du rouleau dans son état avant restauration, et qui permettent de le reconstituer entièrement en image.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Les restauratrices
    Description ci-après
    © Atelier de restauration de l’Arsenal

    Les restauratrices

    Le projet de restauration et le traitement et document ont été réalisés à l’atelier de la Bibliothèque de l’Arsenal. Quatre restauratrices de l’atelier (Caroline Bertrand, Marlène Smilauer, Magali Dufour et Anne-Laure Fessart) se sont réparti l’étude technique, le constat (Marlène Smilauer et Anne-Laure Fessart) et la restauration proprement dite du rouleau des120Journées Caroline Bertrand et Magali Dufour). Au premier plan, le manuscrit sur son support final et les photos du constat imprimées sont placées dans un lutin qui permet une consultation « en livre » du document.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Lumière transmise
    Description ci-après
    © Atelier de restauration de l’Arsenal

    Description ci-après
    © Atelier de restauration de l’Arsenal

    Clichés en lumière transmise

    Les clichés en lumière transmise de chaque feuillet du manuscrit permettent par la suite une étude détaillée de ses marques de fabrication. À droite, un détail en lumière transmise du feuillet 21: le filigrane est peu lisible car masqué par la densité de l’écriture recto et verso ; à gauche, la même image traitée par l’application « Magic Eraser : ink be gone », mise au point par Robert G. Erdmann, un motif de filigrane classique au XVIIIe siècle est clairement lisible, il s’agit du « Chapeau de Cardinal ».

    Précédent Suivant
    Fermer

En raison du format singulier du manuscrit, les restauratrices ont conçu un relevé sur Mylar (feuilles de polyester transparent) en échelle 1/1. Ce patron* du document permet d’annoter un maximum d’informations matérielles (dont les contours, les dégradations et les taches), qu’il est possible de consulter et étudier en différé, sans avoir à dérouler ou enrouler le document original.

  • Relevé 1/1
    Description ci-après
    © Atelier de restauration de l’Arsenal

    Le relevé en échelle 1/1

    Le relevé Mylar est réalisé en décalque sur table lumineuse au moment des prises de vue photographiques. Ce patron permet d’avoir en échelle 1/1 un ensemble d’informations matérielles reportées et permet d’étudier ces données, sans avoir à revenir sur le document original et à le manipuler.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Annoter
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Annoter

    La restauratrice Marlène Smilauer en train d’annoter des informations sur le relevé Mylar du rouleau.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Mylar
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Les informations sur le relevé Mylar

    Pour simplifier la lecture de ce relevé, les restauratrices organisent les informations par couleurs :

    • en noir plein ou pointillé sont notés les contours, les jonctions des feuillets et les dégradations mécaniques : déchirures, plis du document ;
    • en jaune les dégradations chimique (colle, taches, etc.) ; 
    • en blanc la localisation des points d’analyse effectuées par le laboratoire (au recto et au verso).
    Précédent Suivant
    Fermer
  • Informations matérielles
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Le relevé Mylar et les informations matérielles

    Sur le Mylar sont relevés systématiquement (au recto et au verso) : le numéro des feuillets, leurs contours, les jonctions, les dégradations majeures, et les taches. Dans un second temps, au moment de l’intervention du laboratoire de Bussy, le Mylar a aussi servi à reporter tous les points de mesures et de prélèvement.

    Précédent Suivant
    Fermer

Décrypter la matière : les analyses de laboratoire

L’histoire de la fabrication du rouleau de Sade est encore entourée de mystères : la restauration est l’occasion d’en apprendre d’avantage sur le document. Pour aider les restauratrices dans l’étude des matériaux sur lesquels elles vont intervenir, l’équipe du laboratoire scientifique a mené des analyses physico-chimiques. Encre, colle, papier, et taches sont passés à la loupe à l’aide de quatre machines spécialisées et de quelques micro-prélèvements.

  • HIROX
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Le microscope digital haute résolution HIROX

    Le microscope digital haute résolution HIROX est doté d’un bras avec objectif mobile, qui réalise des observations précises sur des documents de grand format, via d’importants grossissements (jusqu’à 320x). Cet appareil a permis d’obtenir des images de la morphologie et de la structure microscopique du papier, et de visualiser en détail les dépôts d’adhésif, les taches et les anciennes restaurations.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Dino-Lite
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    La caméra Dino-Lite

    Grâce à une caméra Dino-Lite, il a été possible d’observer les encres sous lumière visible et lumière infrarouge. À la lumière infrarouge, les encres à base de noir de carbone apparaissent d’un noir très foncé, tandis que d’autres typologies d’encres, comme les encres ferrogalliques*, qui sont transparentes à la lumière infrarouge apparaissent très fades sur l’image projetée sur l’écran de l’ordinateur.

    Description ci-après
    © Laboratoire scientifique / BnF
    Précédent Suivant
    Fermer
  • IRTF
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Le spectromètre Infra-Rouge à Transformée de Fourier (IRTF)

    Le spectromètre Infra-Rouge à Transformée de Fourier (IRTF), placé directement en contact avec la zone d’analyse du rouleau, a permis de réaliser une analyse approfondie de la colle utilisée par le Marquis de Sade pour assembler son rouleau.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Rayons X
    Description ci-après
    © Laboratoire scientifique / BnF

    La spectroscopie de fluorescence des rayons X

    La spectrométrie de fluorescence de rayons X est une technique (non destructive) qui permet d’obtenir rapidement la composition élémentaire d’un échantillon de matière. Ce spectromètre est constitué d’un tube qui émet des rayons X vers l’échantillon : chaque élément chimique répond à la sollicitation avec un signal très caractéristique. Il est alors possible d’identifier les éléments composant cet échantillon de matière, et connaitre la composition des encres ou de charges présentes dans le papier.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Colle et fibre
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Colle et fibre

    Les micro-prélèvements (environ 0,5 mm2) d’adhésifs et de fibres de papier ont fait l’objet d’analyses supplémentaires au laboratoire scientifique de Bussy-Saint-Georges.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • À la loupe
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    À la loupe : les micro-prélèvements

    Stéphane Bouvet (Responsable du laboratoire DSC sur le site Bussy) cherche une zone intéressante du rouleau qui pourrait faire l’objet d’un prélèvement. En deux jours d’analyses matérielles, sept micro-prélèvements (environ 0,5 mm2) sous loupe binoculaire ont pu être collectés pour analyse.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Arsenic
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    La tache d’arsenic

    Une tache contenant de l’arsenic a été détectée par le spectromètre au feuillet 7 du rouleau du Marquis de Sade. S’agirait-il d’une tentative d’empoisonnement ? Ou d’une trace des précautions contre les rongeurs, qui infestaient les prisons au XVIIIe siècle ? Aucun élément ne permet d’expliquer la présence et/ou l’origine de cet élément sur le rouleau.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • En équipe
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    En équipe

    Les scientifiques du laboratoire (Stéphane Bouvet et Eleonora Pellizzi au centre), en train d’effectuer les analyses matérielles sur le rouleau des 120 Journées, aidés par les restauratrices de l’Arsenal.

    Description ci-après
    © Laboratoire scientifique / BnF
    Précédent Suivant
    Fermer
Le rouleau du Marquis de Sade et ses deux types différents de papiers à base de chiffon - Béatrice Lucchese / BnF

Cette étude scientifique a permis de confirmer des observations sur les matériaux qui constituent le manuscrit des 120 Journées de Sade.

  • Deux types différents de papiers à base de chiffons : un papier vergé crème (pour les 8 premiers feuillets) et un papier vergé bleu (pour les 25 autres).
  • Une encre ferro-gallique*, fabriquée à partir de sels métalliques et utilisée en Europe du XIIe au XIXe siècle pour tout type de manuscrits.
  • Une colle à base de gélatine animale pour assembler les feuillets en escalier, c’est-à-dire que chaque feuillet est collé sur le suivant.
  • Une tache contenant de l’arsenic, détectée au feuillet n° 7 du rouleau.

Restaurer : 15 journées de restauration à quatre mains

Tous les mardis pendant deux mois, Caroline Bertrand et Magali Dufour, restauratrices de la Bibliothèque de l’Arsenal, ont travaillé en binôme pour redonner au manuscrit original des 120 journées de Sodome un aspect et un état de conservation satisfaisants.

Caroline Bertrand et Magali Dufour en train de restaurer le rouleau du Marquis de Sade - © Béatrice Lucchese / BnF

Afin d’établir un protocole de restauration, des essais de mise en œuvre ont été réalisés sur des papiers des archives de la Bastille de la même époque, ainsi que sur des correspondances du Marquis de Sade conservées à l’Arsenal (MS-12455 et MS-12456). En accord avec la conservatrice responsable du manuscrit, leur choix s’est orienté vers un traitement de consolidation des zones les plus endommagées du rouleau, à la fois discret et décelable, avec des papiers japonais préencollés.

Lors des journées de travail consacrées au rouleau de Sade, un véritable rituel s’installe dans l’atelier: le manuscrit est sorti de son coffre-fort et déroulé sur une table lumineuse, permettant de dénicher les zones fragilisées qui nécessitent une intervention. Les instruments de travail sont disposés autour de la table : les scalpels, la pince brucelles, les papiers japonais préencollés (de 3 et 6 g/m²), les colles.

  • Sur la table
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Sur la table

    Le rouleau des 120 Journées de Sade installé sur la table lumineuse de l’atelier de restauration de l’Arsenal.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Papiers japonais
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Les papiers japonais

    Les papiers japonais utilisés pour renforcer les dégradations sont pré-coupés en bandelettes de 2 à 4 mm. Deux grammages différents de papiers japonais en fibre de Kozo ont été choisis :

    • 3 g/m² pour renforcer les plis, les déchirures et les fragilités dues à la corrosion des encres sur le filet d’encadrement et sur le texte du document.
    • 6 g/m² pour renforcer les marges du rouleau.

    Pour les lacunes vraiment importantes, les restauratrices ont opté pour un papier japonais plus fort, de 20 g/m².

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Outils de travail
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Les outils de travail

    Autour de la table lumineuse, les instruments de travail pour manipuler les papiers japonais : les scalpels, la pince brucelles, les ciseaux.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Colle
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    La colle

    Pots contenant les différents mélanges pour les collages.

    Précédent Suivant
    Fermer

Afin de commencer par les dégradations les plus simples, les restauratrices débutent par la partie finale du rouleau, moins fragilisée, et terminent la restauration sur le début du manuscrit, qui demande plus d’interventions. Cette configuration à quatre mains permet de dérouler et d’enrouler le document au fur et à mesure de l’avancée de la restauration, et assure à la fois un double contrôle et un travail homogène.

  • Coller
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    1. Coller les bandelettes de papier japonais

    Après avoir réactivé les bandelettes de papier japonais (préencollées) en le passant sur un tampon humide, les restauratrices les positionnent sur la zone à restaurer à l’aide des pinces brucelles.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Sécher
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    2. Le séchage sous poids souples

    La zone restaurée est mise à sécher quelques minutes sous poids souples pour faciliter le collage.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Les jonctions
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    3. Vérifier les jonctions

    Les restauratrices en train de vérifier les jonctions entre les feuillets du rouleau. Pour les jonctions qui se décollent, les restauratrices glissent un petit apport de colle à l’amidon de riz (20 %), au pinceau fin ou à la spatule.

    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF
    Précédent Suivant
    Fermer
  • Couper
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    4. Enlever l’excès de papier japonais

    Une fois les restaurations séchées, elles enlèvent l’excès de papier japonais avec grande précision : une première coupe aux ciseaux, puis au scalpel.

    Précédent Suivant
    Fermer

Elles travaillent sur deux feuillets en même temps, par actions succesives : réactiver les bandelettes de papier japonais sur un tampon humide, les positionner sur la zone à restaurer et les mettre à sécher sous poids souples pour faciliter le collage. Elles vérifient également les jonctions entre les feuillets du rouleau, partiellement décollées à certains endroits. Pendant que le premier feuillet sèche, elles restaurent le second, puis enroulent le premier afin d’amorcer le traitement d’un troisième. Et ainsi de suite, le long des 11,85 m du rouleau du Marquis.

Préserver un monument littéraire : la boîte de conservation et la numérisation

À l’arrivée du rouleau de Sade à la BnF en 2021, les restauratrices ont constaté que son conditionnement* pouvait être amélioré, pour limiter le frottement sur les marges du document. Pour répondre aux besoins de conservation et d’exposition de ce trésor national, un nouveau support et une boîte de conservation ont été conçus et réalisés sur mesure par l’atelier de conditionnement de la BnF. 

Le manuscrit est enroulé sur un support de carton de conservation avec des bandes de papier de conservation blanc. Ce support est amovible et s’insère dans une boîte de conservation qui permet de mettre le rouleau en suspension, à l’instar des rouleaux asiatiques.

Le rouleau des 120 Journées de Sodome dans sa boîte définitive - © Béatrice Lucchese / BnF
  • Machine
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    La machine de découpage

    Catherine Luscinski (chargé de travaux de conditionnement sur mesure et d’équipement léger de la BnF) avec la machine de découpage des boîtes de grand format (jusqu’à 2 mètres) et de format atypique.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Prototype
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Le prototype

    La boîte du rouleau de Sade a été conçue et réalisée sur mesure. Le prototype de boîte est décomposé dans ses différentes parties sur ordinateur : un couvercle, une boîte à proprement parler, des suspensions et une tige, le nouveau support sur lequel le manuscrit va être enroulé.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Découpage
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Le découpage

    Le logiciel Graphitronix, connectant l’ordinateur à la machine, permet de lancer le découpage des différentes parties de la boîte de conservation. Au moyen d’un bras mécanique doté d’une lame, la machine découpe les différents composants de la boîte sur le carton de conservation.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Carton de conservation
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Le carton de conservation

    Un par un, les différents composants de la boîte sont retiré du moule de découpage. Le matériel employé pour la fabrication de la boîte est du carton de conservation ondulé (marque Klug Conservation, 1.7 mm d’épaisseur), avec une réserve alcaline, sans azurants optique et résistant au vieillissement.

    Pour le gainage de la structure, il a été utilisé du papier gris/bleu (marque Canson, 0.5 mm d’épaisseur).

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Assemblage
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    L’assemblage

    La boîte et le support du rouleau sont assemblés dans l’atelier de conditionnement.

    Des colles qui supportent très bien l’humidité et les changements de température sont utilisées sur les parties qui ne sont pas en contact direct avec le document manuscrit, (telles les suspensions sur la photo) et pour le montage du support du rouleau. Il s’agit d’une colle de blé et d’une colle vinylique (marque Planatol 152).

    Le montage de la boîte extérieure a été effectué sans colle.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Support
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Le support du rouleau de Sade

    Catherine Luscinski assemble le support en carton de conservation, placé à l’intérieur de la boîte de conservation, sur lequel le rouleau de Sade va être enroulé. Il se compose d’une tige et de plusieurs disques de 4 cm de diamètre. Cette structure permet d’avoir un support très aéré, qui absorbe facilement tout type de choc.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Boîte
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    La boîte de conservation

    La conception de la boîte nécessite de deux à trois jours de travail. Le découpage à la machine et l’assemblage de ses différentes parties prennent une journée entière.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Sur mesure
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Le rouleau de Sade dans sa boîte de conservation

    Le manuscrit est enroulé sur le support carton amovible, qui s’insère dans une boite de conservation, contenant également un deuxième support et deux socles d’exposition.

    Précédent Suivant
    Fermer

Une fois sa restauration achevée, le rouleau du Marquis de Sade peut être déplacé à l’atelier de reproduction sur le site François-Mitterrand de la BnF, pour y être numérisé. Deux types de numérisation sont réalisées : une numérisation intégrale du document en HD et une prise de vue objet. Ce trésor national est désormais disponible dans Gallica en libre accès : il est possible de le passer à la loupe et de l’admirer dans tous ses détails. Un œil averti peut également repérer les traces de la restauration qui doivent être la fois discrètes et décelables, conformément aux principes de la restauration.

  • Préparation
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Préparation

    Le manuscrit des 120 Journées dans l’atelier de reproduction du Département images et prestations numériques sur le site François-Mitterrand de la BnF.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • HD
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    HD

    Numérisation du rouleau de Sade réalisée sur un scanner de documents grands formats, en haute résolution (600dpi). 
    Avec la collaboration de la restauratrice Caroline Bertrand, un dispositif pour soutenir le rouleau a été mis en place, permettant ainsi de limiter les contraintes physiques sur le document.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Dérouler
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Déroule

    Claire Lesage (conservatrice responsable des manuscrits (XVIIe - XXIe siècles à la Bibliothèque de l’Arsenal) et Caroline Bertrand (restauratrice) en train de déplacer le rouleau pendant la numérisation.

    Précédent Suivant
    Fermer
  • Numériser
    Description ci-après
    © Béatrice Lucchese / BnF

    Numériser

    Numérisation des feuillets du rouleau du Marquis de Sade, sous la supervision de Claude Da Costa (chef d’atelier de numérisation). Les 33 feuillets sont numérisé recto et verso et les images obtenues sont ensuite assemblées pour former le rouleau complet. Les prises de vue objet ont été réalisées par Laurent Gaignerot. 

     

    RETROUVER LE ROULEAU DANS GALLICA

    Précédent Suivant
    Fermer

 

Glossaire

* Filigrane : motif réalisé en fil de laiton, cousu sur le tamis de la forme à papier. Lors de la production de la feuille, la pâte à papier se dépose moins à l’emplacement du relief du filigrane. Ce «manque» de pâte se verra en transparence dans le papier une fois sec. (Définition issue du site du Moulin du Verger)

* Papier japonais : terme générique pour désigner un papier de longues fibres végétales fabriqué avec des méthodes traditionnelles asiatiques. Son avantage est sa solidité en faible grammage : le renfort qu’il apporte peut-être transparent. Il est utilisé pour des travaux de restauration, de reliure ; d’encadrement et de conditionnement.

* Conditionnement : emballage du document pour un déplacement ponctuel ou sa conservation à long terme. Les matériaux et techniques sont choisis selon des principes et des normes de conservation préventives.