Anders Zorn et les peintres suédois de son temps

Rien ne prédestinait Anders Zorn (1860-1920) à devenir un peintre de portraits de renommée internationale.
Petit pâtre suédois de Dalécarlie, élevé par ses grands-parents, Zorn enfant imaginait de petits sujets qu’il sculptait dans le bois ; bientôt remarqué pour sa dextérité, il entame à 15 ans des études à l’École royale des Beaux-arts de Stockholm grâce à l’héritage de son père qu’il n’a jamais connu. Il s’adonne alors à l’aquarelle puis à la gravure et à la peinture à l’huile sans pour autant abandonner la sculpture.

 

Sa rencontre avec Emma Lamm, issue d’une riche famille juive, le pousse à parfaire sa technique picturale en Angleterre et en Espagne pour vivre de son art afin de pouvoir se marier. Ses tableaux bien construits se distinguent par une touche large et directe, fluide et transparente avec un éclat et une gaité transposés de sa technique d’aquarelliste. Tout en continuant ses voyages à l’étranger, au cours de son long séjour parisien (1888-1896), accompagné de sa femme, stimulante critique d’art épousée en 1885, il réalise avec brio le portrait de célébrités françaises comme Ernest Renan, Antonin Proust et bien d’autres. Sa virtuosité à saisir le caractère et la personnalité de ses modèles attire l’attention des États-Unis où il se rend à sept reprises obtenant la commande des portraits de trois présidents américains (Grover Cleveland et son épouse, William Taft, Théodore Roosevelt). Cependant, le « Chevalier errant de la palette et du pinceau » comme le désigne joliment Henri Focillon, revient passer tous les étés à Mora, le village de son enfance.
Imprégné des leçons anglaises de peinture à l’huile, de l’École du paysage français et des impressionnistes, Zorn, de retour chez lui, s’affranchit de ces codes pour produire une œuvre tournée vers la nature et la tradition propre à son pays, rejoint par d’autres peintres tels que Carl Larson, Bruno Liljefors ou Ernst Josephson, (fondateur du groupe des Opposants à l’Académie créée en 1885 auquel appartient Zorn) définissant ainsi les contours d’un art national suédois. La Suède raffole de ses peintures du peuple et de ses nus en plein air jusqu’à lui construire un musée qui porte son nom.
D’Anders Zorn, le Cabinet des Estampes possède un important fonds d’œuvres gravées d’une parfaite maîtrise. À l’occasion du centenaire de sa mort (22 août 1920), il paraît tout naturel de rendre hommage à cet artiste cosmopolite considéré comme l’un des meilleurs peintres de genre et de portraits de son époque.
Une sélection d’ouvrages est proposée dans la salle F de la Bibliothèque tous publics du 24 août au 22 septembre 2020.
 
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