Archives de Beaumarchais
Du 27 avril au 6 octobre 2024, le musée de la BnF met à l’honneur la figure de Beaumarchais dont les archives ont récemment rejoint les collections du département des Manuscrits.
Tour à tour horloger, musicien, polémiste, dramaturge, homme d’affaires, agent secret et armateur, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) est une figure majeure des Lumières, dont l’œuvre dramatique est considérée comme annonciatrice de la Révolution française. Entrées en 2022 et 2023 au département des Manuscrits à la suite d’une dation complétée d’un don de la part de ses descendants, ses archives, riches d’environ 25 000 documents, comptent parmi les plus importants fonds littéraires du XVIIIe siècle à être parvenus jusqu’à nous. Afin de célébrer cette entrée exceptionnelle, une exposition-dossier organisée dans la Rotonde au sein du musée de la BnF se propose de retracer la carrière théâtrale de Beaumarchais et sa postérité.
Les principaux manuscrits de Beaumarchais réunis
Suivant un parcours chronologique, l’exposition évoque ses principales créations littéraires. Les manuscrits de ses deux grands chefs-d’œuvre sont mis à l’honneur : le public est invité à découvrir la première version de la tirade dite de la calomnie, prononcée par Don Bazile dans le Barbier de Séville (1775), et une version corrigée du fameux monologue dénonçant la société d’Ancien Régime dans le Mariage de Figaro (1784). D’autres manuscrits, moins connus, sont aussi dévoilés, comme ceux de sa première pièce, Eugénie (1767), du dernier volet de la trilogie de Figaro, la Mère coupable (1792), ou encore de l’opéra Tarare (1787), exposé aux côtés de la partition autographe de Salieri.
Succès et postérité d’une œuvre
Une sélection d’œuvres provenant des collections des départements des Arts du spectacle, des Estampes et de la photographie, de la Musique et de la Bibliothèque-musée de l’Opéra, complète l’ensemble. Plusieurs pièces sont révélatrices du succès de Beaumarchais à la fin du XVIIIe siècle, dont un écran à main illustrant une scène du Barbier de Séville et des estampes de Coutellier et Janinet représentant des comédiens du Mariage de Figaro. Des œuvres datant des XIXe et XXe siècles témoignent enfin de la postérité de Beaumarchais, au théâtre et à l’opéra. Des mises en scène emblématiques, comme celles du Barbier de Séville par André Barsacq en 1961, du Mariage de Figaro par Jacques Copeau en 1918 et Jean-Louis Barrault en 1964, et de l’opéra de Mozart Le Nozze di Figaro par Giorgio Strehler en 1973, sont évoquées à travers la présentation de pièces diverses, parmi lesquelles des projets de costumes d’Yves Saint Laurent et d’Ezio Frigerio, des photographies de Roger Pic, des captations audiovisuelles de spectacles joués à la Comédie-Française, ainsi que des extraits d’opéras. Le parcours se conclut par un aperçu des autres aspects de la carrière de Beaumarchais, qui fut aussi espion au service du roi et marchand d’armes lors de la guerre d’Indépendance américaine, avec des documents signés par Benjamin Franklin, La Fayette et Louis XVI. L’exposition met ainsi en valeur, en écho au thème qu’aborde cette année le musée, la dimension révolutionnaire de l’œuvre d’un des plus grands auteurs de la langue française, dont le théâtre reflète l’esprit du siècle des Lumières dans ses multiples facettes : la joie de vivre, l’insolence, l’amour et la politique.
Manon Dardenne et Charles-Éloi Vial
Article paru dans Chroniques n° 100, avril-juillet 2024