Disparition d'Ōe Kenzaburō, romancier japonais et prix Nobel de littérature

 Ōe Kenzaburō, romancier japonais et prix Nobel de littérature, né en 1935 sur l’île de Shikoku au Japon, est décédé le 3 mars dernier, selon l’annonce faite par son éditeur Kōdansha.
 
Oe Kenzaburō - BnF
D’une enfance marquée par la guerre, le militarisme et la bombe atomique, Oe, à travers ses œuvres, n’aura eu de cesse de porter une voix dissidente, éminemment politique, dans le Japon de la seconde moitié du XXe siècle. Dans ses premiers romans, une certaine fascination pour la violence plaide en réalité pour le pacifisme, de manière idéaliste comme pour conjurer un après-guerre chaotique. Au fil des années, il nourrit de plus en plus sa réflexion de son expérience personnelle, notamment après la naissance de son fils Hikari, souffrant d’un grave handicap mental.
« Conscience de gauche », rare figure intellectuelle engagée au Japon jusqu’à prendre parti contre le nucléaire après la catastrophe de Fukushima en 2011, Oe maniait également les références occidentales dans son œuvre, de Rabelais à Edward Saïd. Son Japon était un « Japon ambigu », comme il l’affirmait dans son discours de réception du Nobel en 1994 : pas le « beau » Japon, mais un Japon hétérogène, des marges, contestataire et anti-exotique.
 
 
Une anthologie de ses œuvres est disponible à la BnF en salle G du Haut de Jardin, ainsi que la plupart de ses romans traduits en français, parmi lesquels Gibier d’élevage (Shiiku, pour lequel il reçut le prix Akutagawa en 1958, à l’âge de 23 ans), Une affaire personnelle (Kojintekina taiken, 1re éd. 1964), M/T et l’histoire des merveilles de la forêt (M/ T to mori no fushigi no monogatari, 1ère éd. 1986), ou encore et parmi bien d’autres : Adieu, mon livre ! (Sayōnara, watashi no hon yo!, 1re éd. 2005) ainsi que des essais tels que Notes de Hiroshima (Hiroshima nōto, 1ère éd. 1965), des livres d’entretiens (Ôe Kenzaburô, l’écrivain par lui-même : entretiens avec Ozaki Mariko, trad. du japonais par Corinne Quentin, 2014) ou encore études critiques (Ôé Kenzaburô: une économie de la violence, Antonin Bechler, 2016).
Les œuvres en langue originale, ainsi que de nombreuses études critiques en japonais, sont accessibles via les salles du Rez-de-Jardin (niveau recherche). L’ensemble des titres relatifs à Oe Kenzaburō figurant au catalogue de la BnF sont à retrouver à partir de la page data.bnf qui lui est consacrée.