Histoire de la cartographie

Mappemondes, atlas, globes et cartes à toutes les échelles exercent sur nous un véritable pouvoir de fascination. D’où vient cette emprise ? Pourquoi dresse-t-on des cartes depuis la nuit des temps ? A quels besoins et usages répondent-elles ? Qui en sont les auteurs ? Voici quelques-unes des questions auxquelles le département des Cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France se propose de répondre grâce à des cycles d’initiation à l’histoire de la cartographie, ouverts à tout public.
 
Theatrum orbis terrarum, Anvers, Christophe Plantin, 1579, p. 99. BnF, Cartes et plans, GE DD-837 (RES) - 1579 - Abraham Ortelius

Saison 3 - 2025

La troisième saison du cycle est dédiée aux nouvelles problématiques auxquelles la cartographie est confrontée : décentrement géopolitique du monde, questions écologiques, impact du numérique sur la représentation de l’espace.

Expositions cartographiques et espaces urbains (Paris, XVIIIe-XXe siècle)

6 février 2025

Par Jean-Marc Besse, directeur de recherche CNRS - directeur d’études EHESS
 
Les opérations cartographiques n’ont pas toujours été limitées au monde des savants, des militaires et des ingénieurs, et les cartes ne sont pas toujours restées confinées à l’intérieur des bibliothèques et des dépôts d’archives. Que ce soit sous la forme d’objets symboliques exhibés lors d’événements publics, d’espaces architecturaux et décoratifs destinés à l’éducation, ou de supports matériels de projets politiques déterminés, les cartes et les globes, à différentes échelles, sont depuis longtemps présents aussi dans les espaces publics des grandes villes, favorisant ainsi la diffusion d’une culture géographique auprès des habitants et des passants. Le but de cette conférence est de présenter quelques-uns de ces installations et dispositifs cartographiques créés à Paris depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu’à la période contemporaine.

 

Les « blancs des cartes » dans un monde géonumérisé

13 mars 2025

Par Matthieu Noucher, directeur de recherche au CNRS, Laboratoire PASSAGES (Bordeaux)
 
Les cartographes ont longtemps cherché à remplir leurs cartes avec un maximum d’information. Combler les blancs des cartes s’est alors révélé être, au fil des siècles, un véritable défi, alimentant une soif d’aventure, un désir de conquête ou encore une volonté de connaissance toujours plus approfondie des territoires. Aujourd’hui encore, même face au déluge de données numériques, des fractures cartographiques demeurent et des blancs subsistent. L’exposé explore différentes manières de les remplir et s’interroge sur la pertinence de vouloir les combler à tout prix.

 

Contours de la contre-cartographie

13 avril 2025

Par Nephtys Zwer, docteure en histoire, fondatrice du site https://imagomundi.fr
 
Qu’est-ce que la contre-cartographie ? La dénomination intrigue car elle recouvre les multiples expressions d’une géographie alternative. La caractéristique la plus saillante de la cartographie dite radicale, critique ou militante est qu’elle s’approprie le pouvoir performatif des cartes dans une démarche politique. Les cartes du Detroit Geographical Expedition and Institute en sont un exemple paradigmatique. Mais la nature de cette subversion s’inscrit aussi dans ses formes. Il convient alors d’appliquer l’étiquette à beaucoup de cartes conçues hors du régime de production habituel de l’information géographique. Il en est ainsi des cartes sensibles dressées par des non-cartographes pour visualiser leurs propres pratiques et perceptions de l’espace. Quels critères retenir alors pour y voir un peu plus clair ? Cette conférence propose d’explorer la généalogie et les manifestations de la contre-cartographie – encore perçue comme nouvelle – afin d’en dessiner les contours.

 

Carte et communication. Map design, sémiologie graphique, géovisualisation

15 mai 2025

Par Gilles Palsky, professeur émérite, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne

La cartographie connaît un changement de paradigme dans les années 1950-1960, avec la mise en avant de la capacité des cartes à communiquer de l’information. Cette association de la carte et de la communication s’incarne dans deux grands courants théoriques initiés en France par Jacques Bertin (la sémiologie graphique) et aux États-Unis par Arthur H. Robinson (le map-design). Tous deux ont pâti, à partir des années 1980, de la priorité donnée aux SIG (Systèmes d’information Géographique), aux données numériques et à leur traitement, faisant passer la dimension visuelle des cartes au second plan. La réflexion sur la communication graphique s’est cependant renouvelée dans le cadre d’une discipline intégratrice, la géovisualisation.

 

« Ce que l’ordinateur fait aux cartes »

12 juin 2025

Par Henri Desbois, Maître de conférences en géographie, Université Paris-Nanterre

L’informatique, d’abord introduite à partir des années 1960 dans le traitement des données de la géographie militaire de la guerre froide a massivement transformé la manière de produire, de diffuser et d’utiliser les cartes entre la fin du XXème siècle et le début du XXIème. Les cartes se sont multipliées, ont changé d’aspect, et même de nature en moins de deux décennies. On propose de retracer l’histoire de cette révolution autant culturelle que technique, en essayant de comprendre comment notre rapport avec l’espace géographique s’en trouve changé.

 

Saison 2 - 2024

Le grand théâtre des cités du monde : cartographie urbaine aux XVIe-XVIIIe siècles

25 janvier 2024

Par Jean Boutier, EHESS, centre Norbert Elias (Marseille)
 
La cartographie urbaine européenne est certainement la production qui a mobilisé, depuis la Renaissance, la plus grande inventivité cartographique. Son développement a nécessité de nombreuses expérimentations, souvent concurrentes, toujours en cours comme le montrent les écrans de nos GPS. Né dans l’Italie de la Renaissance, le « portrait de ville » a d’abord été une affaire de peintres ; à l’époque des Lumières, les plans de villes, figures géométriques issues de mesures et de calculs, sont désormais produits dans l’atelier des cartographes. Si la différence entre vues de ville et planisphères était initialement une question de nature, elle est désormais une question d’échelle. Le plan de ville n’en est pas moins porteur d’un récit, voire d’un imaginaire de la ville, et s’insère ainsi, à sa façon et avec ses moyens propres, dans la rhétorique des éloges de ville qu’avait inventés le Moyen Age tardif.
 

Cartographies imaginaires

7 mars 2024

Par Julie Garel-Grislin et Cristina Ion, conservatrices, BnF, département des Cartes et plans
 
Cette intervention s’attacher à dessiner les contours d’une cartographie imaginaire, entendue à la fois comme cartographie qui recèle un imaginaire et qui a pour objet des espaces imaginaires. L’imaginaire s’entend, d’une part, comme la faculté qu’a l’esprit à imaginer le monde avant de pouvoir le représenter, à rendre visible une réalité qu’il est impossible de saisir par l’expérience. D’autre part, l’imaginaire s’applique aux espaces mythiques qu’on a cru pouvoir localiser sur la carte, aux espaces de fiction dont on a dressé la carte pour renforcer l’effet de réel tout comme aux géographies de mondes secondaires qui proposent des systèmes sémantiques autonomes. Ainsi, le paradis terrestre, le royaume du prêtre Jean, l’île d’Utopie, le pays de Tendre, l’île mystérieuse de Jules Verne ou l’île au trésor de R. L. Stevenson, la géographie féérique des univers du conte, de la littérature pour enfants, du jeu vidéo et de la fantasy sont autant de déclinaisons de l’inventivité et de la force visuelle des cartes.

 

Cartographie et exploration (1800-1914) : du voyage d’exploration à la cartographie régulière

25 avril 2024

Par Olivier Loiseaux, conservateur général, BnF, département des Cartes et plans
 
Au cours du XIXe siècle se met en place un vaste mouvement de découverte, d’exploration et d’inventaire du monde où la cartographie va jouer un rôle central dans l’appropriation du territoire : appropriation intellectuelle et scientifique, appropriation militaire, politique ou administrative. Cette intervention montre les différentes étapes de ce processus, de la collecte de données géographiques à la réalisation d’une cartographie régulière du territoire en se concentrant sur les productions cartographiques. Elle montre en quoi dans la seconde moitié du XIXe siècle exploration, cartographie et colonisation sont étroitement liées.

 

« Calculer par l’œil ». Les premiers développements de la cartographie statistique au XIXe siècle

30 mai 2024

Par Gilles Palsky, professeur émérite, université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
 
Dans la première moitié du XIXe siècle, alors que l’on observe un véritable engouement pour les données quantitatives, la plupart des méthodes modernes de cartographie statistique sont imaginées. Cette cartographie dite thématique échappe aux acteurs traditionnels de la cartographie. Elle est le fait d’ingénieurs, de médecins, d’observateurs sociaux, etc. La conférence examine quelques-unes des méthodes pionnières proposées à cette époque, puis évoque la postérité immédiate de la plus populaire d’entre elles, la «carte teintée» ou carte choroplèthe, inventée par Charles Dupin en 1826.

 

Saison 1 - 2023

La cartographie de l’Antiquité au Moyen Âge

9 février 2023

Par Emmanuelle Vagnon, chargée de recherche, CNRS-LAMOP
 
 

 

Cartographies du monde et projets cosmographiques à la Renaissance

9 mars 2023

Par Georges Tolias, directeur d’étude, FNRS (Athènes), EPHE, section des sciences historiques et philologiques
 
 

 

La cartographie marine : des portulans à Beautemps-Beaupré (XIIIe-XVIIIe siècle)

13 avril 2023

Par Catherine Hofmann, conservatrice générale, BnF, département des Cartes et plans
 

 

Cartographie et art militaire (XVIIe-XIXe siècle)

11 MAI 2023

Par Isabelle Warmoes, ingénieure d’études, musée des Plans-reliefs