Histoire du département Son, vidéo, multimédia

Des Archives de la parole à la création de la Bibliothèque nationale de France

Les Archives de la Parole – 1911 - 1928

Le 3 juin 1911, le grammairien et historien de la langue française, Ferdinand Brunot, crée les Archives de la Parole à la Sorbonne, avec l’aide de l’industriel Emile Pathé. Voulant privilégier l’étude de la langue parlée plutôt que de la langue écrite, Ferdinand Brunot va, de ce fait, recourir à l’enregistrement sonore comme support d’investigation et de connaissance. C’est cette articulation entre langue parlée et enregistrement sonore qui est le fondement même des Archives de la Parole. On trouve, en effet, à l’origine des Archives de la Parole, deux influences majeures : celle de la philologie et celle de la phonétique expérimentale, qui toutes deux témoignent d’un intérêt, nouveau pour l’époque, porté à la langue parlée. Ferdinand Brunot reprend à son compte ces deux influences pour affirmer que « le véritable génie de la langue française réside dans la langue parlée ».

 

Image en attente de légende - BnF

Ferdinand Brunot – 1911 - 1920

À la Sorbonne, Brunot va enregistrer des voix célèbres de l’époque comme celles d’Emile Durkheim, de Guillaume Apollinaire, de Maurice Barrès, ou encore du commandant Dreyfus.

Mais Brunot va également sur le terrain enregistrer patois et dialectes dans la perspective de réaliser un atlas linguistique phonographique de la France. Cet atlas phonographique va connaître un début de concrétisation avec les trois missions de collecte sonore que Brunot va entreprendre avant la première guerre mondiale. La première a lieu dans les Ardennes franco-belges en juin et juillet 1912, la seconde dans le Berry en juin 1913 et la dernière en Limousin en août de la même année.
Au total, entre 1911 et 1914, avec les enregistrements dialectaux et les « voix célèbres », Ferdinand Brunot aura réalisé près de 600 enregistrements sonores, concrétisant ainsi son projet d’« Archives de la Parole ».

Il faut ajouter aux enregistrements produits par Ferdinand Brunot un don fait par Pathé en 1911 de plus de 900 enregistrements. Ce don se caractérise notamment par la présence de nombreux disques provenant de la succursale russe de Pathé, réalisés dans le Caucase et en Asie centrale. Ces captations sont un témoignage rarissime et précieux des musiques et chants de traditions orales tels que pratiqués dans ces régions au début du XXe siècle.

Jean Poirot – 1920 - 1924

En 1920, après plusieurs années de mise en sommeil des Archives de la Parole, c’est un phonéticien : Jean Poirot qui succède à Ferdinand Brunot. Poirot est plus connu dans les pays nordiques, notamment en Finlande où il a été étudiant, qu’en France. À la tête de l’Institut de Phonétique et des Archives de la Parole, il va surtout se consacrer au développement de l’enseignement de la phonétique à la Sorbonne, créant notamment un certificat de phonétique pour l’obtention de la licence. Il n’en néglige pas pour autant l’enregistrement sonore : on lui doit notamment l’enregistrement de la voix de Rudyard Kipling ou encore d’Anna de Noailles. S’il ne va pas « sur le terrain », il enregistre néanmoins des patois de l’est de la France et des pays de l’Europe septentrionale. Il réalise également une intéressante série d’enregistrements à caractère phoniatrique de jeunes malades atteints de pathologies de l’expression.

De santé fragile, Poirot meurt en 1924, et c’est l’helléniste Hubert Pernot qui prend la direction conjointe de l’Institut de Phonétique et des Archives de la Parole.

Des Archives de la Parole au Musée de la Parole et du Geste – Hubert Pernot – 1924 - 1931

Élève de l’abbé Rousselot avec qui il fonde la Revue de Phonétique, en 1911, Hubert Pernot a auparavant effectué deux missions sur l’île de Chios (île grecque à l’époque sous domination turque)  en 1898 et 1899, au cours desquelles il réalise des enregistrements phonographiques à la fois linguistiques et musicaux. Il est le premier français à réaliser des enregistrements de terrain hors de France.

Le passage d’Hubert Pernot à la direction des Archives de la Parole puis du Musée de la Parole et du Geste, sur une période qui va de 1924 à 1931, est marqué par plusieurs événements importants.

Tout d’abord, même si dans un premier temps elle ne concerne qu’indirectement les Archives de la Parole : la loi du 19 mai 1925 sur le dépôt légal prévoie notamment le dépôt en double exemplaire des « œuvres photographiques, cinématographiques et phonographiques ».

Hubert Pernot - BnF, département Son, vidéo, multimédia

 

Puis le décret du 11 août 1927 dote enfin l’Institut de Phonétique de statuts. Il est suivi en 1928 d’une convention entre la Ville de Paris et l’Université de Paris, qui crée un « Musée de la Parole et du Geste » rattaché à l’Institut de Phonétique. Ce Musée intègre les Archives de la Parole. Le décret fixe par ailleurs les orientations de l’Institut de Phonétique-Musée de la Parole et du Geste, en matière d’enregistrement sonores. Il a pour but  de « recueillir et de conserver en matière inaltérable la parole des hommes célèbres, la diction et le chant des grands artistes, les chants et mélodies populaires, les langues, les dialectes et patois, spécialement celles et ceux qui s’éteignent ou s’altèrent ».

Enfin, en juillet 1928, l’Institut de Phonétique et les Archives de la Parole quittent la Sorbonne pour s’installer au 19 rue des Bernardins, dans le cinquième arrondissement. C’est à cette date que les Archives de la Parole deviennent véritablement le Musée de la Parole et du Geste.

De Hubert Pernot à la tête des Archives puis du Musée de la Parole, on a l’habitude de retenir les trois importantes missions de collecte «folklorique» qu’il a effectué en Roumanie en 1928, en Tchécoslovaquie en 1929 et en Grèce en 1930. 

L’autre collecte d’importance est l’« Anthologie musicale » de l’Exposition coloniale internationale de Paris de 1931 que Hubert Pernot initie pour le Musée de la Parole. Mais en 1930, une chaire de grec postclassique et moderne est créée pour Hubert Pernot à la Sorbonne, et la même année, il quitte la direction de l’Institut de Phonétique et du Musée de la Parole. C’est donc Philippe Stern, attaché  au Musée de la Parole et du Geste, également attaché au Musée Guimet qui va conduire les enregistrements. 

En 1932, alors qu’il est en rupture avec le Musée de la Parole et du Geste, Philippe Stern participe au Congrès de musique arabe du Caire, tenu à l’initiative du baron Rodolphe d’Erlanger, grand spécialiste des musiques maghrébines et arabes. Une section de ce Congrès est consacrée à l’enregistrement phonographique. Ce qui signifie que ce dernier est légitimé comme moyen d’analyse et de réflexion musicologique. Et, sur disques His Master’s Voice, 342 faces de 78 tours seront enregistrées pendant le Congrès. Vers 1935, le roi Fouad fera don au Musée de la Parole et du Geste d’une collection de ces enregistrements. Il fera de même pour le Musée Guimet et en Grande-Bretagne pour la British Library.

En 1932, Philippe Stern quitte définitivement le Musée de la Parole et du Geste pour le Musée Guimet, où il crée une section musicale consacrée à l’Asie, et où il deviendra conservateur en chef.

Le Musée de la Parole et du Geste, et la Phonothèque nationale – Roger Dévigne – 1932 - 1953

En 1932, pour la première fois depuis 1911, l’Institut de Phonétique dont fait partie le Musée de la Parole et du Geste, devient une institution bicéphale. Le phonéticien Pierre Fouché est nommé directeur de l’Institut de Phonétique et du Musée de la Parole et du Geste. Dans le même temps, Roger Dévigne est nommé sous-directeur du Musée de la Parole et du Geste.

Roger Dévigne développe un programme d’enregistrements inédits qui tient en deux points essentiels :

  • des anthologies sonores qui sont la continuation des « voix célèbres » : poètes dits par eux-mêmes, anthologie de l’éloquence judiciaire, anthologie sonore des aviateurs ;
  • des atlas de « géographie sonore », c’est-à-dire de « folklore » : dans les Alpes et en Provence en août 1939 ; en Languedoc-Roussillon et dans les Pyrénées orientales et ariégeoises, entre octobre 1941 et août 1942. Après la guerre, Roger Dévigne accomplit deux autres missions de collecte : en Vendée et en Normandie, en juin et août 1946.

Deux autres missions seront faites en Bretagne sous l’égide du Musée de la Parole et du Geste, la première par Dorig Le Voyer en 1948, la seconde par Yvon Guilcher en 1951. 

Durant les années 1930, le Musée de la Parole et du Geste prête du matériel d’enregistrement à des missions partant pour l’étranger, et recueille ainsi les phonogrammes collectés à moindre coût. On peut citer la mission de Paul Emile Victor au Groenland en 1935-1936, celle de Creston et Divry dans les Iles Feroe en juillet 1939, ou encore Geneviève Massignon en 1946 pour ses premières enquêtes au Canada. C’est le début de la « collaboration » entre Geneviève Massignon et ce qui n’est pas encore le département de l’Audiovisuel. Car plus tard, ce dernier accueillera l’ensemble des enregistrements sonores effectués par Geneviève Massignon entre 1946 et 1961 en Acadie, dans l’ouest de la France, en Corse…, ainsi que de ses archives de travail, donnés par sa famille à la Bibliothèque nationale en 1985, après le décès prématuré de Geneviève Massignon en 1966.

Les mêmes années voient d’importants échanges de phonogrammes avec l’étranger. Roger Dévigne a mené une politique d’échanges ou de dons très active qui fut une source d’accroissement des collections. On peut citer brièvement les échanges avec les Phonogrammarchiv de Berlin ou les dons de Carl Lindström dans les années 1930. Après guerre, en 1947, on citera le don fait par la Bibliothèque du Congrès d’enregistrements de musiques populaires nord-américaines au rang desquels figurent des enregistrements faits par Alan Lomax, figure mythique de la collecte de ces musiques.

Roger Dévigne, la Phonothèque nationale et le dépôt légal des phonogrammes

La loi de 1925 sur le dépôt légal des phonogrammes est restée lettre morte jusqu’à ce que le décret du 8 avril 1938 permette son application en créant l’institution chargée de la collecte de ce dépôt légal : la Phonothèque nationale. Le décret précise notamment trois choses : tout d’abord qu’ «il est institué une phonothèque nationale où seront déposés les documents phonographiques de toutes catégories destinés à être conservés… », deuxièmement, que « cette phonothèque constituera une annexe de la Bibliothèque nationale », et enfin, que «la phonothèque nationale est installée à titre provisoire dans les locaux mis à sa disposition par l’Université de Paris, au musée de la Parole, 19, rue des Bernardins ». Par arrêté du 28 avril 1938, Roger Dévigne, «sous-directeur du Musée de la Parole, est chargé de la direction de la Phonothèque nationale ».

Le premier dépôt légal de phonogrammes a lieu le 25 janvier 1940 et ce sont 18 disques qui sont ainsi déposés. Mais c’est évidemment après-guerre, à partir des années 1950 que le dépôt légal des phonogrammes se met véritablement en place et prend son essor. De manière assez symbolique, d’ailleurs, en 1953, lorsque Roger Dévigne part en retraite, les activités du Musée de la Parole et du Geste sont mises en sommeil, et un administrateur civil est nommé, chargé de la direction de la Phonothèque nationale. C’est le début de la direction de Roger Décollogne, qui durera jusqu’en 1976.

La Phonothèque nationale et le dépôt légal des phonogrammes s’imposent définitivement

La période de direction de Roger Décollogne est caractérisée notamment par l’imposition définitive du dépôt légal des phonogrammes comme mode principal de constitution des collections d’enregistrements sonores au sein de la Phonothèque nationale. De 2 709 documents sonores reçus au titre du dépôt légal en 1950, on en arrivera à une moyenne de 15 000 documents déposés annuellement à partir des années 1990.

Néanmoins d’autres sources continuent (et continueront par la suite) à enrichir les collections :

  • des acquisitions : d’enregistrements édités antérieurs au dépôt légal, ou ne relevant pas de son champ ;
  • des dons : de documents édités ou inédits, qui peuvent prendre plusieurs formes : dons d’institutions, dons de collectionneurs, ou dons de chercheurs : ethnologues, ethnomusicologues…, qui déposent leurs enregistrements de terrain à la Phonothèque. C’est le cas des enregistrements de Paul Arma en Haute-Kabylie (1959), ou encore de ceux de Louis Girault effectués en Bolivie entre 1954 et 1960 ;
  • la production d’enregistrements inédits : comme la série d’entretiens de la Phonothèque nationale. De la fin des années 1950 au début des années 1980, Francine Bloch, notamment, conduira ainsi un grand nombre d’entretiens de personnalités de la littérature, des arts, de la musique. Le plus célèbre de ces entretiens reste celui de Louis-Ferdinand Céline réalisé en 1959.

Roger Décollogne et la constitution d’un musée d’appareils de lecture et de phonographes aujourd’hui : la collection « Charles Cros »

Dès les années 1930, le Musée de la Parole et du Geste avait constitué un parc d’appareils de lecture : phonographes, gramophones, lecteurs de cylindres… afin de pouvoir lire des supports sonores qui avaient déjà considérablement évolué depuis le début du siècle. Mais il revient à Roger Décollogne d’avoir organisé, à la fin des années 1950, cette collection d’appareils en un véritable musée retraçant l’histoire des techniques de lecture et de reproduction mécanique du son. Collection qu’il a notablement enrichie par l’acquisition de pièces venant la compléter.

Aujourd’hui, l’effort de Roger Décollogne trouve sa récompense sur le site François-Mitterrand  de la Bibliothèque nationale de France, puisque son musée a pris nom maintenant de « collection Charles Cros », et qu’il continue d’être enrichi. Un don de l’Institut de Phonétique d’instruments de Phonétique expérimentale est ainsi récemment venu la compléter. Le projet du département Son, vidéo, multimédia est de faire de la « collection Charles Cros » une réserve visitable.

La Phonothèque nationale se rapproche de la Bibliothèque nationale

En 1963, les collections du Musée de la Parole et du Geste sont définitivement intégrées à la Phonothèque nationale. Et à partir des années 1963-1964, celle-ci entame un déménagement qui va durer plusieurs années. À cette date, en effet, la régie du dépôt légal des phonogrammes s’installe au 2, rue de Louvois, en face de la Bibliothèque nationale, dans un bâtiment qu’elle va partager dorénavant avec le département de la Musique de la Bibliothèque nationale. Les autres services de la Phonothèque nationale, eux, vont rester encore plusieurs années au 19, rue des Bernardins, avant de rejoindre le square Louvois.
Mais ce rapprochement géographique en annonce un autre, beaucoup plus important.

La Phonothèque nationale devient le « département de la Phonothèque nationale et de l’Audiovisuel » de la Bibliothèque nationale

En 1974, un nouveau service est créé au sein du Département des Imprimés de la Bibliothèque nationale : le « Service des nouveaux supports ». Et, en janvier 1976, Marie-France Calas est nommé directeur d’un nouveau département de la Bibliothèque nationale, le « département de la Phonothèque nationale et de l’Audiovisuel », constitué par l’intégration de la Phonothèque nationale au Service des nouveaux supports.

Parallèlement, deux décrets importants sont publiés. Le décret n° 75-319 du 5 mai 1975 attribue la gestion du dépôt légal des phonogrammes à la Bibliothèque nationale, l’application du décret incombant à ce Service des nouveaux supports. Le décret n° 75-696 du 30 juillet 1975, stipule, lui, que « les œuvres phonographiques et photographiques, les œuvres cinématographiques autres que les films de long métrage de 35 millimètres et plus, les œuvres vidéographiques, les enregistrements sonores et les enregistrements d’images fixes ou animées, quel que soit le support matériel ou le procédé technique utilisé, mis publiquement en vente, en distribution, en location, cédés pour la reproduction ou diffusés sur le territoire français sont soumis à la formalité du dépôt légal. Il en est de même pour les œuvres audiovisuelles intégrées, dites multimédia, groupant divers supports (livres, […], films, […], disques, etc.) qui ne peuvent être dissociées pour leur mise en vente, leur distribution, leur reproduction ou leur diffusion sur le territoire français. Le dépôt est effectué au service du dépôt légal à la Bibliothèque nationale ».

La « loi n° 92-546 du 20 juin 1992 relative au dépôt légal » élargit et complète le domaine de compétence de ce dernier. C’est ainsi que « les documents imprimés, graphiques, photographiques, sonores, audiovisuels, multimédias, quel que soit leur procédé technique de production, d’édition ou de diffusion, font l’objet d’un dépôt obligatoire, dénommé dépôt légal, dès lors qu’ils sont mis à la disposition d’un public. Les progiciels, les bases de données, les systèmes experts et les autres produits de l’intelligence artificielle sont soumis à l’obligation de dépôt légal dès lors qu’ils sont mis à la disposition du public par la diffusion par la diffusion d’un support matériel, quelle que soit la nature de ce support ». L’article 5 de la loi établit que « sont responsables du dépôt légal […] les organismes dépositaires suivants : 1° La Bibliothèque nationale ; 2° Le Centre national de la cinématographie ; 3° L’Institut national de l’Audiovisuel ; 4° Le service chargé du dépôt légal du ministère de l’intérieur ». Le « décret n° 93-1429 du 31 décembre 1993 relatif au dépôt légal » précise que « les bases de données », « les progiciels et les systèmes experts », « les phonogrammes », « les vidéogrammes autres que ceux fixés sur un support photochimique », « les documents multimédias », doivent être déposés à la Bibliothèque nationale « dès lors qu’ils sont mis à la disposition d’un public ». « Les vidéogrammes fixés sur support photochimique » sont déposés au Centre national de la cinématographie. « Les documents audiovisuels et sonores » diffusés par les chaînes publiques de radio-télévision sont déposés à l’Institut national de l’audiovisuel.

Le département de l’Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France

Parallèlement, en 1988, le Président de la République François Mitterrand lance le projet d’une grande bibliothèque « d’un type entièrement nouveau », ouverte à tous et à toutes les formes de savoir, sur le site de Tolbiac, sur la rive gauche de Paris. Et la décision est prise d’y transférer les collections audiovisuelles de la Bibliothèque nationale en même temps que les imprimés et les périodiques - alors que restent sur le site de la rue de Richelieu les collections spécialisées (départements de la Musique, des Cartes et plans, des Estampes et de la photographie, etc.).

Et lorsqu’en 1994, la Bibliothèque nationale de France naît de la fusion de l’établissement public de la Bibliothèque de France (EPBF), initialement en charge du projet Tolbiac, et de la Bibliothèque nationale, le « département de la Phonothèque nationale et de l’Audiovisuel » fusionne avec le « département de l’Image et du Son » de l’EPBF pour devenir le « département de l’Audiovisuel » de la Bibliothèque nationale de France. Ce dernier s’installe sur le site François-Mitterrand-Tolbiac de la Bibliothèque nationale de France.

De la création du département de l’Audiovisuel de la BnF à Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF au dépôt légal dématérialisé

Lorsqu’en 1994, la Bibliothèque nationale de France naît de la fusion de l’établissement public de la Bibliothèque de France (EPBF), initialement en charge du projet Tolbiac, et de la Bibliothèque Nationale (BN), le « département de la Phonothèque nationale et de l’Audiovisuel » de la Bibliothèque nationale fusionne avec le « département de l’Image et du Son » de l’EPBF pour devenir le « département de l’Audiovisuel » de la Bibliothèque nationale de France. Ce dernier s’installe sur le site François-Mitterrand-Tolbiac de la Bibliothèque nationale de France, avec deux salles de consultation : une au niveau « tout public », en haut-de-jardin ; l’autre au niveau « recherche », en rez-de-jardin.

 

Salle P – Site François-Mitterrand © Guillaume Murat / BnF

 

Alors que le « département de l’Image et du Son » de l’EPBF était essentiellement en charge d’acquérir des sources sonores et audiovisuelles jusque là peu accessibles du public ; à partir de 1992, le département de la Phonothèque nationale et de l’Audiovisuel de la Bibliothèque nationale, historiquement en charge du dépôt légal des phonogrammes, bénéficiait de crédits importants liés au projet de l’EPBF pour lancer deux types d’opérations :

  • un récolement (inventaire) d’une partie de ses collections sonores ;
  • la saisie informatique (conversion rétrospective) de son catalogue, jusque là sous forme de fiches papier. Plus de 300 000 références ont ainsi été informatisées. Cela se traduisant notamment par la création d’un service des phonogrammes anciens, en charge du catalogage des fonds rétrospectifs, particulièrement ceux entrés par dons et acquisitions.

Bien qu’ayant fusionné en 1994 sous l’intitulé « département de l’Audiovisuel » ; jusqu’en 1998, l’activité de chacune des deux entités : ex département de la Phonothèque nationale et de l’Audiovisuel, et ex « département de l’Image et du Son », reste largement indépendante l’une de l’autre : dépôt légal pour le premier ; acquisitions pour le second.

En 1998, le département de l’Audiovisuel connaît une réorganisation profonde sur laquelle il fonctionne toujours aujourd’hui. A la juxtaposition dépôt légal / acquisitions se substitue une organisation par médias : son / image animée, vidéo / multimédia (avec des services transverses : consultation et conservation, service public, coordination du catalogage, section administrative).

Des évolutions témoignent des grandes mutations de l’industrie du disque, avec le passage, devenu massif, à la diffusion du son et en particulier de la musique « en ligne », sur Internet. Le dépôt légal s’adapte à cette mutation, et la collecte des fichiers numériques sonores diffusés en ligne ligne est en cours d’expérimentation depuis 2020. 

Entre 1998 et aujourd’hui, la diffusion à un public le plus large possible, au-delà des emprises de la Bibliothèque, est devenu un enjeu majeur pour le service des documents sonores. Ce dernier mène une politique de diffusion en ligne de ses contenus dans la bibliothèque numérique de la BnF Gallica. Des parcours éditoriaux facilitent la consultation de l’internaute.

Découvrir les fonds sonores  

Enfin le service Son a débuté le vaste chantier qu’est le dépôt légal dématérialisé, dans le cadre du projet Misaoa (Mutualisation et innovation pour la sauvegarde et l’accès des œuvres audiovisuelles françaises) initié par le département de l’Audiovisuel  avec la perspective, à terme, de plus de 200 000 albums collectés par an. Après un an d’expérimentation avec le distributeur IDOL, plusieurs centaines de fichiers audio ont intégré début 2020 les collections du département. Les notices des premiers documents sont accessibles dans le Catalogue général et signalées dans la rubrique « Nouveautés éditeurs ».

Ces fichiers sont consultables salle P de la Bibliothèque de recherche  sur les postes audiovisuels, en attendant leur prochaine diffusion sur Gallica Intra-muros.

En 2021 le département de l’Audiovisuel change de nom. Il est rebaptisé département Son, vidéo, multimédia, traduisant ainsi l’évolution du dépôt légal numérique.