La vie artistique en France au XIXe siècle : institutions et contestations - Bibliographie

Un double anniversaire, celui du prix de Rome, créé en 1663, et celui du Salon des Refusés de 1863, deux événements inscrits au calendrier 2013 des Commémorations nationales, est à l’origine de cette bibliographie sur la vie artistique en France au XIXe siècle, considérée sous ses deux aspects, institutionnel et «contestataire».
 

Introduction

Le prix de Rome, récompense suprême décernée aux élèves méritants de l’École des Beaux-Arts peut, en effet, symboliser la tradition académique dont le jury du Salon officiel n’a cessé de se revendiquer tout au long de son existence, le Salon des Refusés étant, de son côté, emblématique de l’aspiration de la plupart des artistes à s’émanciper de cette tutelle faisant obstacle à leur reconnaissance et à leur carrière… Ce Salon à quoi tout se ramène, satisfaction d’amour-propre, considération, notoriété, fortune et le pain quotidien, comme l’écrivait l’historien et critique d’art Adolphe Tabarant, est si important qu’il se transforme régulièrement en un véritable champ de bataille esthétique, mais aussi social et politique.

Dans la seconde moitié du siècle, le monopole des expositions lui échappe peu à peu, à la faveur d’autres lieux, qu’il s’agisse de salons indépendants ou de galeries privées, autant de nouveaux «fronts» dans ce conflit qui se nourrit d’un véritable emballement de l’innovation artistique. Outre les artistes eux-mêmes, qu’ils soient académiciens ou bohèmes, y interviennent le public et la critique, c’est-à-dire la presse, alors en plein essor, des journalistes, des caricaturistes, mais aussi des écrivains et des intellectuels. Au gré du scandale suscité par telle ou telle œuvre, chacun prend parti, s’engage, se situant dans un des «camps» en présence, celui des «conservateurs» ou celui de l’ «avant-garde», métaphore militaire qui commence à s’appliquer au domaine des arts dès les années 1840-50.

Mais il ne saurait être question de réduire l’histoire de cette période à un affrontement manichéen entre «réactionnaires» et «progressistes», «pompiers» et «modernes». Il s’agit plutôt, en se référant le moins possible à des individus ou à des courants artistiques particuliers, d’évoquer un «système des beaux-arts», en grande partie hérité de l’Ancien Régime mais profondément transformé par la Révolution et le premier Empire, en même temps que sa contestation grandissante, ses institutions et leurs alternatives, ses évolutions et ses crises, jusqu’à sa désintégration finale au tournant du XIXe et du XXe siècle, sous la pression conjuguée de l’évolution du goût et de la transformation radicale du monde de l’art en termes socio-économiques.

Pour une première approche

Martin-Fugier, Anne

La vie d’artiste au XIXe siècle. Paris, L. Audibert, 2007. 471 p. Salle F - Art – [704.04 MART v]

Dans cette véritable histoire sociale de l’art au XIXe siècle, Anne Martin-Fugier convoque tous les protagonistes d’un monde complexe et en pleine mutation : non seulement les artistes eux-mêmes, bien sûr, mais aussi les modèles, les marchands, les collectionneurs, les critiques, etc. Le tableau ainsi brossé, loin d’être statique, s’anime en suivant de très près l’évolution profonde qui, en quelques décennies, conduit du système des beaux-arts dominé par l’Académie et l’Ecole du même nom à un marché plus ouvert, mais bientôt dominé par les galeries privées et la spéculation.

 

Monnier, Gérard

L’art et ses institutions en France : de la Révolution à nos jours. Paris, Gallimard, 1995. 462 p. Salle F - Art – [702.9 MONN a]

Cet ouvrage de référence envisage toutes les relations ayant existé entre art et État en France de la Révolution jusqu’aux années 1990, avec de fréquents retours sur les XVIIe et XVIIIe siècles dans lesquelles nombre d’institutions du XIXe siècle, certaines existant encore aujourd’hui, trouvent leur origine. Musées, Académie, École des Beaux-arts, Salon, commande publique… Tous les éléments du système et leur fonctionnement sont décrits et analysés dans le contexte d’une politique artistique qui varie en fonction des régimes, des gouvernements, mais aussi des évolutions économiques et sociologiques propres au champ concerné.

 

Lemaire, Gérard-Georges

Histoire du Salon de peinture. Paris, Klincksieck, 2004. 250 p. Salle F - Art – [707.4 LEMA h]

C’est en répondant à cinquante questions que ce précieux petit ouvrage de synthèse évoque toute l’histoire du Salon de peinture, depuis ses origines, au XVIIe siècle, jusqu’à son déclin progressif à la fin du XIXe siècle, période qui verra se multiplier les expositions concurrentes, du Salon des Refusés de 1863 jusqu’au Salon des Indépendants ou au Salon d’automne, devenues pour un temps les bastions de l’avant-garde. Le lecteur y prendra toute la mesure du caractère central de cet événement dans la vie artistique de notre pays  pendant plus de deux siècles.

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