Le 10 juillet 1985 : l'affaire du Rainbow Warrior
Tout commence au début des années 1960. La France démarre des essais nucléaires dans le désert du Sahara, au sud de l’Algérie. La signature des accords d’Evian, en mars 1962, contraint les autorités à trouver un autre lieu pour mener ces opérations. Excentrée mais bénéficiant d’un climat favorable, la Polynésie française est tentante. Le site d’expérimentations nucléaires du Pacifique (CEP) voit le jour quatre ans plus tard autour de l’atoll de Moruroa.
Localement, ces opérations sont critiquées. Mais la contestation ne commence à inquiéter les autorités françaises que des années plus tard. En mars 1985, le directeur du CEP informe le ministère de la Défense que Greenpeace prépare une action aux abords du site. Le cabinet de Charles Hernu demande alors à la Direction générale des services extérieurs (DGSE) d’empêcher cette campagne.
Une agente infiltre l’association pour connaître la date d’arrivée du Rainbow Warrior au port d’Auckland. Les services secrets prévoient d’y neutraliser le navire en déclenchant deux explosions, l’une pour pousser l’équipage à évacuer, l’autre pour le couler. Mais lors de la deuxième explosion, le photographe portugais Fernando Pereira est tué.
Au début du mois d’août, des médias néo-zélandais commencent à pointer la responsabilité des services secrets français dans ce drame. Par ailleurs, les autorités néo-zélandaises vont découvrir l’existence de l’Ouvéa, le voilier ayant permis d’acheminer les explosifs vers Auckland. Paris nie toute intervention.
Deux journalistes du Monde, Edwy Plenel et Bernard Le Gendre, enquêtent. Leur travail sera déterminant pour informer sur cette affaire. En effet, le 17 septembre, ils révèlent l’existence d’une troisième équipe des services secrets, composée de deux nageurs de combat et chargée de poser les bombes sur la coque du Rainbow Warrior.
Trois jours plus tard, le ministre Charles Hernu démissionne, et le patron de la DGSE, l’amiral Pierre Lacoste, est limogé dans la foulée. Le premier ministre Laurent Fabius reconnaît enfin la responsabilité des renseignements extérieurs français dans le naufrage.
Pour en savoir plus :
- A découvrir sur le site François Mitterrand
- Connan, Alain ; Lajous, Olivier
Bras de fer à Moruroa. Meudon : l’Élocoquent, 2013. 140 p.
- Laurent, Sébastien-Yves
Les espions français parlent : archives et témoignages des services secrets / avec Jean-Pierre Bat, Jean-Marc Le Page et Florent Varillo. Paris : Nouveau monde éditions, 2024. 622 p. (Chronos)
- Lequenne, Philippe
Dans les coulisses de Greenpeace. Paris ; Montréal : l’Harmattan, 1997. 204 p.
- Merveilleux du Vignaux, Sophie
L’affaire Greenpeace. Rennes : Éd. «Ouest-France», 2013. 173 p. (Espionnage)
- Luccioni, Xavier
L’Affaire Greenpeace : une guerre des médias. Paris : Payot, 1986. 302 p. (Documents)
- Maniguet, Xavier
French bomber : enfin la vérité sur le Rainbow Warrior. Paris : Michalon, 2007. 231 p.
- Plenel, Edwy
La troisième équipe : souvenirs de l’affaire Greenpeace. Ed. revue et augmentée. Paris : Éditions Points, 2016. 147 p. (Points ; P4371)
- Thomazo, Renaud
Les grands scandales de l’histoire de France. Paris : Larousse, 2018. 123 p. (Les documents de l’histoire)
- A découvrir en ligne
- Le sabotage du Rainbow Warrior : la chaîne de décision
Source : INA - 23 septembre 1985 (Consulté le 25/07/2025)
- Le Rainbow Warrior : trente ans après
Source : franceinfo - 9 juillet 2015 (Consulté le 25/07/2025)
- Les mensonges de l’histoire - 1985 : Le Rainbow Warrior
Source : france.tv - 2018 (Consulté le 25/07/2025)
- L’affaire du Rainbow Warrior
Source : radiofrance - 13 juin 2025 (Consulté le 25/07/2025)
- Il y a 40 ans, la France coulait le «Rainbow Warrior»: retour sur un sabotage d’État
Source : RFI - 24 juillet 2025 (Consulté le 25/07/2025)