« Le Barbier de Séville » à l’écran à la fin du XVIIIe siècle
Que représente cet objet ?
Composé d’une feuille de carton et d’un manche en bois tourné, cet écran à main est orné, à l’avers, de deux estampes rehaussées. De forme ovale, l’estampe centrale représente Bartholo, un vieux docteur, et Rosine, sa jeune pupille, qu’il veut épouser, cette dernière étant au contraire éprise du comte Almaviva. Une estampe de bordure, richement décorée sur le thème de la musique, encadre la scène centrale. Au bas de l’écran figure la mention « À Paris, chez Marcilly, rue du Petit-Pont, à l’Image Notre-Dame ».
Au revers de l’écran, une estampe reproduit le texte d’une partie de la scène 11 de l’acte II du Barbier de Séville, l’une des pièces les plus connues de Beaumarchais, créée à Paris en 1775. Le nom d’un autre marchand, Petit, et celui de sa boutique, « À l’Image Notre-Dame », apparaissent en bas, tandis qu’un numéro 3 figure tout en haut à droite.
Les secrets d’un accessoire domestique
Aujourd’hui rare et précieux en raison de sa fragilité matérielle, l’écran à main était un accessoire domestique très courant dans les demeures bourgeoises et aristocratiques au XVIIIe siècle. On l’utilisait près des cheminées pour se protéger de la chaleur du feu tout en s’instruisant. Il illustrait des sujets variés : cartes de géographie, fables, événements historiques, scènes de théâtre…
Les écrans de théâtre étaient souvent consacrés à des comédies mêlées d’ariettes et à des opéras-comiques, mêlant texte parlé et texte chanté. Numérotés, ils formaient des séries liées à une même pièce, chacune de ces séries étant généralement constituée de six paires de gravures illustrant les temps forts de l’action. L’homme ou la femme du XVIIIe siècle pouvait ainsi voir ou revoir, confortablement installé au coin du feu, les dernières pièces à succès créées à la Cour de Versailles, à la Comédie-Italienne ou à la Comédie-Française.
L’écran à main du Barbier : un objet rare
Cet écran à main correspond au numéro 3 de la série liée au Barbier de Séville. Comme l’a montré Nathalie Rizzoni, spécialiste des écrans à main, il est intéressant à plus d’un titre. En premier lieu, il concerne une œuvre créée à la Comédie-Française, alors que les pièces plébiscitées sur écran étaient plutôt jouées à la Comédie-Italienne. Ensuite, il porte une même adresse et un même nom de boutique à l’avers et au revers, mais avec deux noms de marchands différents. Jacques-Étienne Petit a dominé le marché des écrans illustrant des pièces de théâtre de 1760 à la fin des années 1780, puis a vendu son commerce à Marcilly. Cet écran témoigne du passage de relais entre les deux éditeurs.
Marcilly a édité une nouvelle estampe de bordure dont chaque élément renvoie à la comédie de Beaumarchais : la partition de musique rappelle l’importance des chansons à différents moments de l’intrigue et les branches de laurier évoquent le succès immédiat qu’a connu la pièce.
Pour voir les détails de plus près, nous vous invitons à observer l’objet sur Gallica