Les Beatles, une passion française

Le 16 octobre 1963, le premier 45 tours français des Beatles, From me to you / Please please me, faisait son entrée dans les collections de la Phonothèque nationale au titre du dépôt légal. Soixante ans plus tard, la BnF rend hommage, le 19 octobre 2023, lors d’une demi-journée d’étude, à l’une des formations musicales les plus populaires et les plus influentes du XXe siècle, en explorant les rapports du groupe britannique avec la France.
 

Les Beatles, Paris - janvier 1964 - © Photo : Jean-Marie Périer

 

La fameuse coupe de cheveux inspirée de celle de Jean-Claude Brialy dans Le Beau Serge, premier film de Claude Chabrol, est un des multiples signes de l’attachement des Beatles à la France. Les clins d’oeil au pays de Rimbaud jalonnent leurs chansons, des paroles de Michelle, écrites en souvenir d’une jeune fan française rencontrée dans un hôtel parisien par Paul McCartney, aux premières mesures de la Marseillaise qui ponctuent le début d’All you need is love, hymne pacifiste retransmis le 25 juin 1967 en mondovision et vu par plus de 400 millions de téléspectateurs. La francophilie des Beatles s’insinue jusque dans Paperback Writer où les quatre de Liverpool reprennent en falsetto les mots « Frère Jacques » empruntés à la célèbre comptine populaire. La France le leur rend bien : elle est le seul pays à accueillir le groupe pendant trois semaines d’affilée à l’Olympia, du 16 janvier au 4 février 1964.

Des pochettes spécifiques pour le public français

La production discographique française des Beatles réalisée durant leur période d’activité (1962-1970) est conservée à la BnF au sein du département Son, vidéo, multimédia. Durant les années 1960, les compagnies phonographiques pouvaient, dans chaque pays, choisir les pochettes et les titres qu’elles voulaient produire, donnant ainsi naissance à une multitude d’éditions différentes pour un même artiste ou un même groupe. Les quatre labels qui ont représenté les Beatles en France (Polydor, Odéon, Pathé Marconi et Apple) n’échappent pas à ce phénomène qui donne par exemple lieu à l’emblématique « Beatles Sandwich », produit après leur passage à l’Olympia : respectivement coiffés d’une casquette, d’un béret, d’un bicorne et d’un képi, les membres du groupe posent sur la pochette de ce quatre titres avec une baguette de pain à la main. Le disque, estimé aujourd’hui entre 1 500 et 3 500 euros en fonction de son état, est convoité par les collectionneurs du monde entier. Pour la sortie de leur nouvel album fin 1964, rebaptisé uniquement pour le marché français Beatles 1965, Odéon France propose non pas une, mais quatre pochettes différentes qui présentent chacune une variation à partir d’une même composition graphique.

Un programme en trois temps

Après un tour d’horizon de la discographie française des Beatles, la demi-journée d’étude organisée à la BnF s’articulera en deux tables rondes : la première s’attachera à évoquer les souvenirs de ceux qui les ont côtoyés, du photographe Jean-Marie Périer au journaliste Jacques Barsamian ou encore Rudy Serairi, dont le père assurait à l’époque la sécurité à l’Olympia et Brigitte Leclercq, témoin de la couturière du concert des Beatles à Versailles le 15 janvier 1964 ; la seconde se penchera sur l’adaptation de leur chansons en français en présence d’Alain Dumont, membre du groupe de rock Les Lionceaux et de leur influence sur la création musicale et littéraire à partir des témoignages de Richard Gotainer (sous réserve) et Valentine de Moral, auteure de l’ouvrage Et les Beatles montèrent au ciel. Et pour conclure cet hommage, l’auteur-compositeur-interprète, nouvelliste et grand fan des quatre garçons dans le vent Elliott Murphy viendra interpréter quelques titres emblématiques. La manifestation sera accompagnée de la diffusion d’archives de l’Institut national de l’audiovisuel.

Jean-Rodolphe Zanzotto

Article paru dans Chroniques n° 98, septembre-décembre 2023