Restauration d'une maquette du XIXe siècle

dans Actualités de la conservation, n° 27, janvier-juin 2008
Mot-clé dans l’index : restauration
Lucille Dessennes, Christiane Lequien, BnF, Département de la conservation, Atelier de restauration
 

Le pôle de restauration des documents graphiques et maquettes a été créé en 2004 au sein du service technique du département de la Conservation. Il restaure les documents du département des Arts du Spectacle, parmi lesquels les maquettes de décor en volume.

L’atelier a mis au point plusieurs techniques de restauration et de montage originales. La mise en œuvre de chaque technique dépend du type de maquette traitée. On distingue trois grands groupes:

  • les maquettes planes composées d’une succession verticale de plans découpés, donnant l’illusion de la profondeur,
  • les maquettes en volume, toujours réalisées en papier, constituées de plusieurs éléments juxtaposés,
  • les maquettes objets réalisées à partir d’objets et de matériaux divers.

Les maquettes posent des difficultés de restauration qui leur sont propres: le papier, ou plutôt la carte ou le carton de support sont souvent acides et de pauvre qualité. Les contraintes mécaniques sont importantes: les cartes sont maintenues longtemps, voire définitivement à la verticale. Les charnières ou les points d’attache, très sollicités sont donc souvent déchirés et doivent être restaurés solidement. Enfin, le montage dépend beaucoup de la documentation existante. Il est réalisé d’après des plans au sol, des premières maquettes dessinées ou des photographies. Surtout, il doit être réversible car susceptible d’être repris ultérieurement.

La restauration décrite porte sur une maquette de la fin du XIXe siècle, réalisée par Alphonse Visconti (1856-1941), et représentant le IVe acte de l’Opéra Mefistofele (photographie ci-contre). La maquette était très empoussiérée, et portait des traces de moisissures. Les arbres tenaient par des baguettes de fil de fer rouillées et parfois rompues. Certains éléments des feuillages étaient cassés et déplacés.

Après une première aspiration, puis un dépoussiérage minutieux, les baguettes rouillées ont été déposées et la rouille résiduelle retirée mécaniquement au scalpel. Les baguettes de soutien ont été remplacées par des bâtonnets de papier barrière (60gr) roulés et encollés (photographie ci-contre). Les déchirures ont été consolidées en insérant à l’intérieur de la carte de minces feuilles de papier japonais doublées, amincies et rigidifiées par une mise sous presse. Tous les éléments ont été fixés au niveau du sol, des cintres, ou le cas échéant, sur les côtés avec du papier japonais très épais (40 gr). Tout en assurant une fixation solide, ce papier se délamine très facilement pour permettre un démontage aisé. Une boîte sur mesure, imitant la boîte d’origine, détruite par l’eau, a été réalisée en carton plume. Pour la plupart des maquettes, une boîte en carton de conservation, à ouverture totale, permet de protéger efficacement ces objets, tout en contrôlant leur état grâce à une fenêtre en plexiglas (photographie ci-après).

Boîte de conservation en carton

La restauration des maquettes pose un certain nombre de problèmes déontologiques. En effet, le restaurateur doit concilier les différents statuts de ces documents : supports techniques, documents d’archives et enfin objets esthétiques.