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Hommage à Philippe Zoummeroff

 
Portrait de Philippe Zoummeroff, Emmanuel Nguyen Ngoc / BnF.

La Bibliothèque nationale de France a perdu en la personne de Philippe Zoummeroff, décédé le 27 juillet à l’âge de 90 ans, l’un de ses plus anciens et fidèles amis, très actif administrateur de l’Association des Amis de la Bibliothèque depuis 1992.

Initiateur en 1990 de la grande exposition En français dans le texte, à laquelle il a apporté un soutien déterminant comme il le fit cinq ans plus tard pour l’exposition Creating French Culture. Treasures from the Bibliothèque nationale de France  organisée à la bibliothèque du Congrès à Washington ou, en 2010 encore, pour l’exposition La Bastille ou « l’enfer des vivants » à la bibliothèque de l’Arsenal, il n’eut de cesse de contribuer très activement tant à la politique de développement culturel de la BnF qu’à l’enrichissement de ses collections. C’est notamment grâce à son don qu’est entré en décembre 2002 au département Son, vidéo, multimédia un très important ensemble de disques 78 tours d’enregistrements de chant lyrique anciens et rares, issus de la collection précédemment réunie par le producteur et mélomane Guy Dumazert.

Pendant ces dernières années, c’est avec un même enthousiasme qu’il s’est attaché à créer, avec l’aide de Monica Breazu, bibliothécaire honoraire à la Réserve des livres rares, la base « Les sciences au fil du temps », consacrée à l’histoire des sciences : il souhaitait pouvoir la mettre à la disposition d’un large public, en collaboration avec le département Sciences et techniques de la BnF. Car la passion encyclopédique de la culture qui animait en profondeur Philippe Zoummeroff n’était pas séparable d’une volonté non moins pressante de la partager avec le plus grand nombre.
 

 

 

De formation scientifique, grand industriel qui dirigea de 1958 à 1990 l’entreprise d’outillage FACOM, Philippe Zoummeroff aimait à dire qu’il avait mené une carrière de collectionneur autant que d’ingénieur. L’opéra, la littérature française, l’histoire des sciences et de la pensée, des voyages, de la gastronomie et des loisirs, l’histoire de l’Algérie coloniale et post-coloniale, celle de la condition pénitentiaire – question à laquelle l’avait éveillé la lecture du Surveiller et punir de Michel Foucault –, tels furent les thèmes, tantôt très vastes, tantôt plus spécialisés, que Philippe Zoummeroff a successivement explorés comme collectionneur, avec un enthousiasme toujours recommencé. À quoi s’ajoute aussi une collection philatélique remarquable, qui fit l’objet en 1988 d’une dation au bénéfice du Musée de la Poste.

De même qu’il concevait le mécénat apporté aux institutions publiques non pas comme une simple libéralité financière, mais comme un véritable engagement, la curiosité était chez lui une passion inépuisablement généreuse, un mouvement incessant d’ouverture aux autres en même temps que d’accueil à de nouveaux objets. Homme des Lumières – comme l’indiquait bien le sous-titre « Dix siècles de lumières par le livre » donné à l’exposition En français dans le texte –, cultivant le passé pour se tourner toujours mieux vers l’avenir, cosmopolite par conviction autant que par des origines familiales qui s’étendaient de la Tchétchénie au Pérou, Philippe Zoummeroff incarnait l’espoir d’une culture universelle, ouverte à toutes les œuvres de la pensée sans frontières de disciplines ni de nations, et accessible à tous les esprits. C’est autour de cette espérance partagée que s’est noué le très durable compagnonnage qu’il a entretenu avec la BnF. Sa disparition remplit aujourd’hui de tristesse les nombreux amis qu’il y comptait.

 

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