
Le Palais Garnier : 150 ans d’un théâtre mythique
À l’occasion de la célébration des 150 ans du Palais Garnier, la BnF et l’Opéra national de Paris consacrent une exposition anniversaire à ce monument emblématique de la capitale. Riche d’une centaine de pièces, tableaux, dessins, affiches, photos, livres, manuscrits, costumes et objets, l’exposition retrace l’histoire de ce théâtre où se mêlent patrimoine et création artistique, événements historiques et faits divers, fantasmes et légendes. Elle permet de comprendre comment le Palais Garnier est devenu, au-delà des frontières françaises, un temple de l’art lyrique et chorégraphique, un emblème national et un monument iconique.
Depuis son inauguration, le 5 janvier 1875, le Palais Garnier ne cesse d’exercer une fascination sur tous les publics, qu’ils soient sensibles, ou non, à l’opéra ou à la danse. Plus d’un million de visiteurs et près de 350 000 spectateurs s’y pressent chaque année. L’exposition se propose d’explorer les différents ressorts de cette fascination, en se penchant sur la dimension à la fois historique, sociale et légendaire de ce théâtre connu dans le monde entier. Palais national, cet édifice voulu par Napoléon III pour une élite est devenu un monument emblématique de la République. Palais de la danse pour le grand public, il est conçu à l’origine plutôt pour l’art lyrique avant que l’art chorégraphique ne s’y affirme. Palais des légendes enfin, il nourrit les imaginations, des faits divers aux fictions en tous genres qui participent depuis sa création à l’écriture du mythe.
Histoire du Palais Garnier
Le Palais national
Comme Louis XIV avait voulu Versailles pour y faire étalage de sa puissance, Napoléon III projeta dans le Nouvel Opéra son désir d’établir aux yeux de Paris, de la France et du monde, sa stature d’empereur. Puis, le palais devint un symbole de fierté républicaine, le régime usant à l’envi de ce bâtiment comme le théâtre de son prestige et de son pouvoir, notamment à l’occasion des visites de chefs d’États étrangers. Le geste d’André Malraux commandant un nouveau plafond à Chagall en 1962 atteste de la dimension toujours politique du Palais Garnier encore en plein XXe siècle. Si ce rôle diplomatique déclina peu à peu, le souvenir d’un palais national survit, alimenté par les bals des grandes écoles et des galas réguliers.
Le Palais de la danse
Dans les premières années, le Palais doit sa notoriété davantage à son architecture et à sa décoration qu’au répertoire qui y est créé. Garnier pourtant conçoit son bâtiment en lien étroit avec la scène et crée un spectacle total dévolu à l’art lyrique. Cependant, le Palais commence à montrer ses limites au fur et à mesure des évolutions du répertoire de l’Opéra, des attentes des metteurs en scène et de la demande des pouvoirs publics d’une démocratisation de l’art lyrique. Dans le même temps, au cours des années 1920, la danse s’affirme grâce aux saisons des Ballets russes et à l’action de Serge Lifar qui érige la danse en art à part entière. Celle-ci prend une place croissante pour constituer l’une des singularités du Palais dans les années 1970. La construction de l’Opéra Bastille finit de conférer au Palais Garnier sa dimension de temple de la danse, alors même que des spectacles lyriques de premier plan y sont toujours programmés et marquent, pour certains d’entre eux, l’histoire de l’Opéra de Paris.
Le Palais des légendes
À partir de la première de Lohengrin en 1891, le répertoire wagnérien occupe majoritairement la scène du Palais Garnier et Parsifal, donnée pour la première fois à Paris en 1914 lui confère un caractère sacré. Puis, au début du XXe siècle, ce sont différents faits divers abondamment relayés par la presse et déformés qui contribuent à faire de l’Opéra un lieu chargé de légendes et de mystères : ce n’est plus un contrepoids, mais le lustre dans son entier qui s’effondre sur le public ; ce n’est plus un petit danseur, mais une danseuse qui se tue en traversant la verrière de l’escalier et marque à jamais la marche 13…
L’Opéra inspire aussi abondamment la littérature et le cinéma. Avec Le Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux, publié en 1910, se construit la « légende noire » d’un Palais Garnier inquiétant et dangereux, à la réputation sulfureuse. Le cinéma s’empare à son tour du Palais, contribuant à lui donner un rayonnement international sans précédent. Enfin, la programmation artistique ambitieuse, la venue de stars du chant, notamment La Callas, participent à la construction du mythe d’un opéra à nul autre pareil.
Commissariat
- Mathias Auclair, directeur du département de la Musique, BnF
- Benoît Cailmail, adjoint au directeur du département de la Musique, BnF
- Boris Courrège, bibliothécaire, département de la Musique, BnF
- Inès Piovesan, cheffe du service Éditions, Opéra national de Paris
Infos pratiques
Horaires

Tous les jours :
10 h - 17 h
Fermetures exceptionnelles du Palais Garnier disponibles ici
Accès

Bibliothèque-musée de l’Opéra
8, rue Scribe
75009 Paris
Tarifs
L’exposition est accessible avec un billet pour la visite autonome du Palais Garnier, disponible sur la billetterie de l’Opéra de Paris