Conservation des documents électroniques

Comment conserver les documents électroniques à l’obsolescence rapide ? Un défi que la BnF relève en remplaçant le matériel dépassé par leur équivalent numérique.

 

Cartouches de jeux vidéo de différentes consoles © Julien Perenet / BnF

 

Les documents électroniques se divisent en deux familles principales : la première est celle des documents statiques, contenant pas ou peu de logique algorithmique. Ils sont consultables sur une grande diversité de machines (PC Windows ou Mac, smartphones, tablettes etc.) moyennant l’utilisation d’un logiciel capable de les interpréter. C’est le cas des fichiers textuels, picturaux, musicaux ou vidéo. Cette catégorie ne pose pas de gros problèmes de conservation dans la mesure où il suffit de conserver le logiciel d’interprétation et d’être en mesure de l’exécuter dans un environnement moderne. Au besoin, il est possible de migrer les documents dans un format plus pérenne.

La deuxième catégorie de documents électroniques, celle des logiciels appelés aussi documents dynamiques, s’avère plus complexe à conserver. En effet, le langage utilisé pour décrire un programme est spécifique à chaque type d’ordinateur. Il dépend de ses composants internes et de son système d’exploitation. De ce fait, un programme destiné à une machine donnée nécessiterait une adaptation dès qu’on veut l’exécuter sur une nouvelle famille d’ordinateurs.

Or, les machines ont une durée de vie limitée et sont sans cesse remplacées par de plus modernes. Il est difficile de les maintenir en état de marche au-delà de quelques décennies. Les pièces de rechange sont parfois rares et les technologies évoluent rapidement, rendant incompatibles entre elles différentes générations de composants.

D’autre part, les programmes informatiques sont enregistrés sur des supports magnétiques ou optiques dont la durée de vie est également limitée. Au-delà d’une certaine durée, les données s’effacent et il n’est plus possible d’y accéder, d’autant que leur lecture dépend d’appareils (lecteurs de disquettes, etc.) qui vieillissent eux aussi et sont rapidement hors d’usage.

Pour toutes ces raisons, la conservation de ces documents sur le long terme pose un véritable défi. Afin de préserver l’accès aux logiciels, la BnF a adopté une stratégie, appelée « émulation » défendue par le monde de la conservation, qui consiste à virtualiser les différents éléments matériels nécessaires. On les remplace par leur équivalent numérique, sous forme de programmes ou de fichiers informatiques.

 

Disquettes de différents formats © Julien Perenet / BnF

 

L’émulation consiste à substituer aux ordinateurs ou consoles un logiciel permettant de simuler cette machine - généralement plus ancienne - sur une autre - généralement plus moderne. Ce logiciel est capable d’interpréter les instructions destinées à l’ordinateur simulé afin de recréer les interactions homme-machine d’origine. L’émulateur se comporte donc comme un ordinateur virtuel. L’écran de l’ordinateur récent affiche ce qui apparaissait sur l’écran de l’ordinateur émulé ; son clavier ou tout autre périphérique est utilisé pour dialoguer avec la machine émulée.

Les supports de stockage d’origine - disquettes, cédéroms, cartouches… – sont, pour leur part, lus par les appareils adaptés pour en extraire les données pendant qu’ils sont encore lisibles. Celles-ci sont enregistrées dans un fichier informatique appelé image, qui est utilisé ensuite comme support virtuel, directement compréhensible par l’émulateur et donc par l’ordinateur virtuel.

De la sorte, il reste possible de donner accès aux titres tels qu’ils ont été conçus, sans trop en modifier le contenu ou le rendu.