La restauration des rouleaux dessinés par les enfants d'Izieu
© Atelier de restauration, Richelieu / BnF
Les rouleaux sont les vestiges de l’imagination et du talent des quarante-quatre enfants juifs cachés par les époux Zlatin avant la rafle du 6 avril 1944 par la Gestapo et la déportation de la colonie d’Izieu vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.
Le travail de restauration et de conditionnement autour de ces archives, chargé d’histoire et d’émotion, a donné lieu à une étroite collaboration entre l’atelier de restauration et l’atelier de conditionnement du département de la conservation. D’abord confiés à l’expertise des restauratrices Nadège Duqueyroix, Lisiane François et Roxane Moine, les rouleaux une fois traités et mis à plat ont pu être installés dans leur boîte de conservation sur mesure mise au point par Catherine Luscinski, sous la supervision d’Olivier Votan.
Une restauration délicate
Trois « films », chacun réalisé sur deux rouleaux, sont illustrés à l’encre violette et crayons de couleur sur des feuilles à carreaux de cahiers d’écoliers découpées puis assemblées. Ces «pellicules» sont enroulées très serré ce qui rend leur consultation difficile et dangereuse.
Constat d’état
Le travail de restauration a commencé par la réalisation de constats d’état détaillés des rouleaux afin d’établir diagnostic et projet de restauration. Le plus long dessin mesurant 263 centimètres, la prise de vue de chaque rouleau s’est faite par étape.
Manipulation à plat
La décision est prise de mettre à plat les œuvres, afin d’augmenter la lisibilité des dessins et de diminuer le risque de déchirure lors du déroulement des rouleaux.
Le traitement des encres
Avant tout traitement aqueux, l’ensemble des encres présentes sur le document sont testées au moyen de buvard et d’un écouvillon recouvert de coton. Les encres s’avèrent être sensibles à l’eau liquide. Une humidification indirecte est à privilégier.
Relaxer le papier
L’humidification sous membranes en Gore-Tex ® permet un apport d’eau sous forme de particules extrêmement fines. Le papier est ainsi « relaxé », c’est-à-dire qu’il s’imprègne à cœur de particules d’eau sans être mouillé directement. Les zones relaxées sont ensuite mises sous poids afin qu’il n’y ait pas de déformation lors du séchage.
Le traitement terminé, les rouleaux sont à nouveau pris en photo afin de comparer leur état avant et après restauration. Le résultat est saisissant, les rouleaux ont retrouvé une planéité et une lisibilité certaine.
Un conditionnement sur-mesure pour assurer la conservation
Catherine Luscinski met au point un nouveau conditionnement composé de larges cylindres amovibles de carton de conservation. Ils sont maintenus par une tige axiale carrée insérée dans des encoches sur les côtés latéraux intérieurs des boîtes.
Les bandes dessinées sont roulées sur le support carton avec des bandes de papier de conservation blanc intermédiaires. Ce mode de stockage amovible permet à la fois une manipulation facilitée des rouleaux ainsi qu’un calage optimal lors des transports.
Respecter le document
La forme initiale de rouleau est conservée, et le large diamètre des cylindres ne provoque aucune modification structurelle de la feuille. Un lien en toile de conservation est noué autour de la feuille de support afin de maintenir l’ensemble sans ajouter de point de colle. .
Vous pouvez retrouver ce document présenté dans l’exposition « Manuscrits de l’extrême », du 9 avril 2019 au 7 juillet 2019 sur le site François-Mitterrand.
Voir aussi : un dessin d’Izieu : “Return to home and school”