Max, Martine, Maya & les autres – Manifestations
En 2008-2009, l’exposition Babar, Harry Potter & Cie célébrait l’intégration du Centre national de la littérature pour la jeunesse à la Bibliothèque nationale de France, affirmant ainsi la reconnaissance du livre pour enfants comme objet culturel légitime et patrimonial. En clin d’oeil à ce titre, d’autres personnages ont été choisis pour incarner la poursuite de cette réflexion, à l’heure où La Revue des livres pour enfants fête ses 60 ans. Lors des discussions au sein du comité scientifique du colloque, qui réunissait des partenaires membres de l’Association française de recherche sur les livres et objets culturels de l’enfance, et du projet d’établissement Sciences de l’enfance et de la jeunesse de l’université Sorbonne Nouvelle, trois noms ont émergé, d’abord sous forme de boutade, puis comme une option très sérieuse.
Trois visages du livre pour enfants
Max est le héros de Max et les Maximonstres (Where the Wild Things Are), album de Maurice Sendak publié aux États-Unis en 1963 (1965 en France), archétype du chef-d’œuvre objet de thèses et de colloques – dont l’un s’est tenu en 2014 à la BnF. À ses côtés, les organisateurs du colloque ont spontanément souhaité placer Martine, série de Gilbert Delahaye et Marcel Marlier publiée à partir de 1954 et vendue à des millions d’exemplaires à travers le monde. Il s’agissait de s’intéresser non seulement aux œuvres reconnues par la critique, mais aussi aux récits plébiscités par les enfants et les familles. D’ailleurs, Max ne renvoie-t-il pas autant à l’instigateur de la « fête épouvantable » qu’au héros de la série Max et Lili, star des emprunts en bibliothèques publiques ? Au fil des discussions du comité scientifique, un troisième nom est apparu, celui de Maya, qui renvoie au titre d’un roman de Waldemar Bonsels publié en Allemagne en 1912 (Die Biene Maja und ihre Abenteuer), personnage popularisé dans les années 1970 par le dessin animé germano-japonais Maya l’abeille. Cette héroïne permettait de mettre en lumière le caractère transmédiatique de certains personnages, à l’image de Babar et Harry Potter.
Interroger la notion de classique pour la jeunesse
Un garçon, une fille et une abeille… Au-delà des trois prénoms commençant par la même lettre, voici un trio pertinent pour 2025, représentatif de la diversité de la littérature pour la jeunesse et des objets culturels de l’enfance. Incontournables, chefs-d’œuvre, classiques, canons… Quels que soient les noms qu’on leur donne, certaines œuvres paraissent indispensables à connaître et à conserver, pour ce qu’elles peuvent apporter aux enfants, aux adolescents et aux adultes d’aujourd’hui. Ce processus de légitimation et de patrimonialisation emprunte de nombreuses voies : celles de l’école, de la critique, des éditeurs, des bibliothèques, des réseaux sociaux, des enfants… Lors de ce colloque, de nombreux acteurs et actrices du livre et de la médiation interrogeront la notion de classique, qu’Italo Calvino aimait à définir comme « un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire ».
- Max, Martine, Maya et Cie. Classiques, chefs-d’œuvre, best-sellers pour la jeunesse : quel patrimoine à partager ?Journée d’étude [ 13 novembre 2025 | François-Mitterrand
Virginie Meyer
Article paru dans Chroniques n° 104, septembre-décembre 2025

