Une nouvelle saison du cycle de conférences philosophiques explore les multiples facettes du soin, ses fondements éthiques et les défis qu’il pose dans nos sociétés individualistes. Qui doute aujourd’hui que nous vivons le « moment du soin » ou que le soin soit au cœur de notre époque, pour le meilleur ou pour le pire ?
Les questions, les urgences, les œuvres et les débats sur le soin ont pu faire croire à certains que l’on vivait un « moment du soin ». Au moment où surgissaient les éthiques du « care », un président américain associait son nom à cette notion (Obamacare). Vint le Covid à une échelle inédite, nationale et mondiale. La bioéthique approfondissait les tensions du soin, jusqu’en fin de vie. Sans oublier l’urgence climatique et le soin du monde. Tout allait et semble aller encore dans le sens du soin. Et pourtant tout semble aussi s’être inversé. Ce sont la force, la guerre et la destruction qui semblent l’emporter. Le soin a ses adversaires, de l’extérieur et de l’intérieur, plus puissants que jamais. Mais ce n’est pas une raison pour renoncer bien au contraire. Nous montrerons que la philosophie complète du soin a toujours intégré cette adversité, ces violences ou plutôt ces violations. Et donc que loin de contredire le moment du soin elles le confirment et l’intensifient, avec une priorité plus claire que jamais pour la justice, la politique et la démocratie.
Frédéric Worms
Philosophe, directeur de l’École normale supérieure (ENS)
Une nouvelle saison du cycle de conférences philosophiques explore les multiples facettes du soin, ses fondements éthiques et les défis qu’il pose dans nos sociétés individualistes. Qui doute aujourd’hui que nous vivons le « moment du soin » ou que le soin soit au cœur de notre époque, pour le meilleur ou pour le pire ?
Les questions, les urgences, les œuvres et les débats sur le soin ont pu faire croire à certains que l’on vivait un « moment du soin ». Au moment où surgissaient les éthiques du « care », un président américain associait son nom à cette notion (Obamacare). Vint le Covid à une échelle inédite, nationale et mondiale. La bioéthique approfondissait les tensions du soin, jusqu’en fin de vie. Sans oublier l’urgence climatique et le soin du monde. Tout allait et semble aller encore dans le sens du soin. Et pourtant tout semble aussi s’être inversé. Ce sont la force, la guerre et la destruction qui semblent l’emporter. Le soin a ses adversaires, de l’extérieur et de l’intérieur, plus puissants que jamais. Mais ce n’est pas une raison pour renoncer bien au contraire. Nous montrerons que la philosophie complète du soin a toujours intégré cette adversité, ces violences ou plutôt ces violations. Et donc que loin de contredire le moment du soin elles le confirment et l’intensifient, avec une priorité plus claire que jamais pour la justice, la politique et la démocratie.