Michelle Grangaud (1941-2022)

Michelle Grangaud aux Jeudis de l’Oulipo - 2009
Michelle Grangaud est membre de l’Oulipo depuis 1995. Elle est, depuis le 15 janvier 2022 dernier, définitivement excusée aux réunions du groupe pour cause de décès.
 
Michelle Grangaud est née à Alger en 1941. Dès son enfance, elle dit avoir été fascinée par les lettres qui « bougeaient comme des insectes tant qu’elle ne savait pas les lire ». En 1962, elle quitte l’Algérie avec ses parents, chercheur en chimie et professeur de mathématiques, pour s’installer à Montpellier. Elle enseigne les lettres classiques jusqu’en 1977, avant de devenir attachée d’administration au Rectorat.

anagrammes

Elle cultive dans tous ses livres l’art des contraintes, qu’elle préfère d’ailleurs qualifier de règles, des règles qu’elle se donne car elle dit ne pas être rassurée sur ce qu’elle pourrait avoir à écrire. Ce cadre ludique et sérieux est un garde-fou dans le cadre duquel elle travaille la langue d’une manière sensible et vivante.
Ses contraintes de prédilection font intervenir les lettres et les nombres : spécialiste des anagrammes et des palindromes, elle est la créatrice de la contrainte sexagrammatine et de l›« avion » (abréviation de « abréviation »).
Ses deux premiers livres, Mémento fragment : anagrammes (P.O.L., 1987) et Stations : anagrammes (P.O.L., 1990) à partir des noms de station de métro, sont des recueils d’anagrammes. Elle aimait à dire qu’elle était née en Anagramme, pays où toutes les lettres sont égales, Geste : narrations (P.O.L.,1991) est un récit en vers, et Poèmes fondus : traduction de français en français (P.O.L.,1997) contracte sous forme de haïku des sonnets de Du Bellay, Heredia, Baudelaire et quelques autres.

et inventaires

État civil (P.O.L., 1998) aborde la question du sujet à travers le modèle impersonnel du registre, inventaire d’une vie. Pour tenter de donner une version objective de l’individu, elle répartit les entrées en trois chapitres : N pour naissance, M pour mariage et D pour décès. Il est précisé en quatrième de couverture que sont exclus « les événements qui sont uniquement généraux et les événements qui sont uniquement particuliers ».
Le titre oxymore, Souvenirs de ma vie collective (P.O.L., 2000) est composé de 2 357 vers libres (nombre composé à partir des quatre premiers nombres premiers) s’ouvrant par la syllabe qui clôt le précédent et qui tissent un inventaire de mémoire cherchant, là encore, à dépasser le je.
Après deux autres inventaires de la vie collective, Calendrier des poètes (P.O.L., 2001) et Calendrier des fêtes nationales (P.O.L., 2003), son dernier recueil, Les Temps traversés (P.O.L., 2010) est écrit à partir des Morales élémentaires de Raymond Queneau et du Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey. Elle affirme :
« Je suis un parasite en littérature, j’écris à partir de ce qu’écrivent les autres ».

L’hommage des oulipiens

Ses amis oulipiens lui ont rendu hommage lors de la séance mensuelle des mardis de l’Oulipo, le 8 février 2022.

Pour aller plus loin