Voyageuses suisses d'expression française

Isabelle Eberhardt en costume berbère , vers 1900
« Oui, j’aime mon Sahara et d’un amour obscur, mystérieux, profond, inexplicable mais bien réel et indestructible ». Cette phrase, extraite des Écrits intimes d’Isabelle Eberhardt, montre l’attachement viscéral de la jeune Genevoise pour les paysages du Maghreb.
Comme plusieurs de ses consœurs des 19e et 20e siècles, elle choisit de quitter la Suisse et sa société parfois étriquée pour assouvir sa soif de liberté et d’absolu. Les raisons du départ de ces Suissesses de langue française, issues en majorité de la bourgeoisie genevoise, sont diverses, entre quête spirituelle, envie d’aventure et aspiration à l’indépendance.
Ainsi, au milieu du 19e siècle, Valérie de Gasparin, animée par sa foi protestante, a hâte de découvrir la Terre Sainte ; elle en profite pour visiter la Syrie et l’Egypte où, privilège des femmes, elle a accès aux harems qu’elle décrit en se démarquant des visions orientalisantes masculines.
Plus tard, Ella Maillart, dans l’entre-deux guerres, se lance seule sur les routes de Russie, avant de s’aventurer en Asie Centrale, puis en Chine, au Tibet et au Népal, jusqu’à ce qu’un séjour en Inde donne un sens à ce qui est avant tout un « voyage intérieur ».
Ces voyageuses devenues écrivaines (ou vice versa) ont laissé des lettres, des carnets de bord, des articles et ont publié souvent des romans en empruntant au mode littéraire ou journalistique, sur un ton tantôt exalté tantôt intimiste, à l’image de la jeune Aude Seigne, version contemporaine et mondialisée de ces figures de la littérature nomade et romande.