Dans les années 1990, le paysage devient un élément central des politiques publiques d’aménagement du territoire, avec l’adoption de la loi « Paysage » en 1993 et l’ouverture à la signature de la convention européenne du Paysage en 2000. Devenu héritage à protéger, le paysage, en évolution permanente, est saisi par la photographie.On voit alors se dessiner deux dynamiques concomitantes : entre le banal et le sublime, la photographie tient à la fois le rôle de valorisation visuelle d’un patrimoine paysager considéré comme intemporel et celui d’outil documentaire permettant d’en observer les changements.
La photographie est convoquée en premier lieu pour contribuer à l’entrée de paysages dans le panthéon des sites exceptionnels et en faire de véritables monuments. Serge Sautereau et Martin Becka célèbrent ainsi les chantiers d’envergure des années Mitterrand. Dans un tout autre registre, la mission du Conservatoire du littoral témoigne elle de la beauté des espaces remarquables protégés par cette institution depuis 1975. Chaque campagne provoque la rencontre d’un site spécifique et d’une écriture singulière : avecJean-Christophe Ballot,Sabine Delcour,Josef Koudelka, Harry Gruyaert,Michael Kenna, John Batho, le noir et blanc alterne avec la couleur, l’épure avec le foisonnement des compositions, dans une exploration toujours minérale et surtout atemporelle, entre ciel et mer.