Heinrich Aldegrever, Tit. Manlius fi lium sine ejus jussu cum hoste pugnantem obtuncavit, 1553. Collection Robert Badinter, photographie -  - © Bertrand Huet

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Une passion pour la justice. Dans la bibliothèque de Robert Badinter

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Heinrich Aldegrever, Tit. Manlius fi lium sine ejus jussu cum hoste pugnantem obtuncavit, 1553. Collection Robert Badinter, photographie - - © Bertrand Huet

À l’occasion du 40e anniversaire de l’abolition de la peine de mort, la BnF consacre une exposition à la bibliothèque de celui qui en fut le principal artisan, Robert Badinter. Miroir des engagements d’une vie et reflet de passions multiples, cette collection figure parmi les plus emblématiques de l’histoire des crimes et des peines en France. 

L’exposition en détails

Il y a 40 ans, Robert Badinter portait devant les assemblées le texte de loi abolissant la peine capitale. Son combat pour l’abolition a marqué la mémoire collective, mais il ne peut résumer à lui seul la personnalité d’un homme qui a été tour à tour avocat, enseignant, homme politique, président du Conseil constitutionnel, et toujours écrivain. Son goût pour les livres et les documents d’archives l’ont conduit à constituer une collection personnelle qui est avant tout le reflet de ses passions : une vocation assumée « d’hugolâtre », la soif de comprendre la période révolutionnaire et ses grands hommes, le souci de documenter le combat pour l’émancipation des Juifs, l’affaire Dreyfus ou la condition pénitentiaire. La BnF expose à la bibliothèque de l’Arsenal plus de 80 documents issus de cet ensemble : autant de pièces qui tracent en creux le portrait d’un homme, qui a fait de l’humanisme et de sa passion pour la justice le moteur de toute une existence.

Un reflet des intérêts de Robert Badinter

La collection de Robert Badinter constitue un ensemble majeur consacré à l’histoire du crime et des peines : législation et traités criminels, manuscrits relatifs à la prison, complaintes criminelles, documents d’archives et œuvres graphiques. Cette collection se situe au croisement des différents métiers exercés par Robert Badinter dans la sphère du droit et de la justice. Elle témoigne surtout de l’intensité d’une carrière aux multiples facettes, et reflète ses intérêts tant professionnels qu’intellectuels et personnels, où le livre et l’écriture occupent une place de choix.
L’exposition distingue cinq ensembles, comme autant de portes ouvertes sur la collection, le parcours, les combats et les passions de Robert Badinter.

Déclaration des droits de l’homme et du citoyen décrétée par l’Assemblée nationale - Collection Robert Badinter, photographie de Bertrand Huet

 

La lettre de la Constitution et la Déclaration des droits de l’homme

Robert Badinter a réuni l’intégralité des éditions des textes constitutionnels français. On trouve dans sa collection nombre de pièces rares, comme le texte du 3 septembre 1791, éphémère Constitution libérale. Cet ensemble comporte un spectaculaire exemplaire calligraphié de la Déclaration des droits de l’homme datant de 1790. Il  reflète également l’intérêt pour la figure de Condorcet dont Robert et Élisabeth Badinter ont été les biographes.

Bastille, bagnes, prisons. La condition pénitentiaire

Jean-Galtier Boissière, La Bonne Vie, illustré par Christian Bérard - BnF, département des Arts du spectacle

Le second fil rouge de cette collection touche à la prison et à la condition pénitentiaire à différentes époques. C’est tout d’abord l’ombre de la Bastille, dont la bibliothèque de l’Arsenal conserve les archives, qui domine cette question. Mais il existe d’autres lieux de détention, oubliés ou chassés de la mémoire collective, comme les bagnes portuaires de métropole, sur lesquels Robert Badinter a ressemblé des documents signifiants, à l’image du très bel ensemble graphique du peintre Letuaire, qui restitue la mémoire du bagne de Toulon.

 

Hommes et femmes devant la justice

La collection comporte des pièces fortes par ce qu’elles disent du parcours d’hommes et de femmes confrontés à la justice. Une lettre de cachet, un mandat d’arrêt signé par Robespierre, une complainte criminelle ou un extrait des archives du bagne portent avec eux autant de tragédies individuelles. À travers ces documents est restaurée l’humanité des hommes et des femmes aux prises avec la justice au fil des siècles.

La peine de mort et son abolition

L’ensemble rassemblé par Robert Badinter sur la peine de mort et son abolition est particulièrement symbolique. La BnF conserve dans ses fonds le manuscrit du discours prononcé devant l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981. Ces feuillets fragiles couverts d’une écriture décidée sont exceptionnellement montrés au public à cette occasion. De multiples aspects de ce thème sont par ailleurs évoqués par les pièces réunies par Robert Badinter, depuis la pratique de la peine capitale sous l’Ancien Régime, l’évocation du docteur Guillotin, mais également les souvenirs personnels de son combat victorieux en 1981. Cet admirateur de Victor Hugo détient également des témoignages forts du combat inlassable de l’auteur du Dernier Jour d’un condamné au service de cette cause.

Robert Badinter, Discours sur l’abolition de la peine de mort - Avec l’aimable autorisation de Robert Badinter

 

Contre le racisme, pour l’émancipation

Dans la lutte de Robert Badinter contre le racisme viennent se superposer démarche historique et engagement politique. Cet ensemble présente des documents interrogeant notamment le processus complexe d’émancipation-assimilation porté par la Révolution française au bénéfice des Juifs, cet objet historique auquel il a consacré son ouvrage Libres et égaux. L’émancipation des Juifs, 1789-1791. Sa collection est aussi le reflet d’un intérêt constant pour l’affaire Dreyfus, épisode fondateur, tant pour l’avocat que pour l’homme de gauche. Les documents présentés dans cette section rappellent la mémoire et les actions d’Alfred Dreyfus, Émile Zola, Georges Clemenceau ou Jean Jaurès : Une du journal L’Aurore portant le célèbre « J’accuse », exemplaire de La Vérité en marche de Zola dédicacé à Jaurès…

L’éclairage apporté par les collections patrimoniales de la BnF

Henri de Toulouse-Lautrec. Au pied de l’échafaud, Mémoires de l’abbé Faure - Collection Robert Badinter, photographie de Bertrand Huet

La bibliothèque de l’Arsenal abrite les archives de la Bastille, source clé pour étudier la justice d’Ancien Régime. Avec d’autres pièces rares et remarquables, à l’image d’un projet de réforme pénale émanant du lieutenant du roi de la Bastille ou encore une édition sur vélin du fameux livre de Beccaria, Des délits et des peines, elles sont au cœur du propos de l’exposition qui s’attache aussi à des parcours individuels – embastillé, femme infanticide, bagnards. Les collections patrimoniales de la BnF éclairent ainsi la démarche d’un collectionneur qui, bien qu’il récuse le terme de bibliophile, s’est montré pionnier dans la constitution d’une collection sans pareille consacrée à l’histoire du crime et des peines.

 

Commissariat

Olivier Bosc, directeur de la bibliothèque de l’Arsenal, BnF

 

Informations pratiques

 

tarifs et conditions d’accès
 

Entrée libre et gratuite

Horaires

De mardi à dimanche
12 h – 19 h

 

Accès

Bibliothèque de l’Arsenal
1, rue de Sully – 75004 Paris
Entrée de l’exposition au bout de la rue de Sully (porte avec bannière)

Vidéo – Entretien avec Robert Badinter

Entretien avec Robert Badinter BnF Durée : 13 min

Revue de presse

Manuscrits, livres, gravures, correspondances… Les 80 documents présentés à la bibliothèque de l’Arsenal témoignent de la richesse de ce parcours, dont le fil rouge est la passion que Robert Badinter voue depuis le plus jeune âge à la justice et aux grands hommes qui ont su porter cet idéal.

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Dans la bibliothèque de Robert Badinter
Le Point