"Bug-Jargal" le manuscrit de Hugo exposé au musée d'Orsay

En adoptant une approche multidisciplinaire, entre histoire de l’art et histoire des idées, l’exposition du musée d’Orsay Le modèle noir de Géricault à Matisse se penche sur des problématiques esthétiques, politiques, sociales et raciales ainsi que sur l’imaginaire que révèle la représentation des figures noires. La Bnf prête notamment à cette occasion le manuscrit du roman de Victor Hugo Bug-Jargal, récit de l’histoire d’un esclave noir à Saint-Domingue.
 

Histoire d’un roman

Bug-Jargal est le second roman publié par Victor Hugo, en 1826 ; mais une première version plus courte avait paru six ans auparavant dans l’éphémère revue qu’il avait fondée avec ses frères, Le Conservateur littéraire. Le manuscrit, conservé par Hugo à travers ses déménagements successifs et jusqu’en exil, donne clairement à voir ces deux strates de rédaction : la première, datée d’avril 1819 (Hugo avait seize ans), d’une écriture encore scolaire, toute en volutes ; et les ajouts et réécritures de la version augmentée, d’une écriture plus sèche, ponctuée par les traits épais et obliques des hampes, queues et boucles des p, f, q, dont l’aspect sur la page évoque une averse d’orage.

 

 

De la main de Victor Hugo

Le manuscrit est aussi remarquable par sa reliure, faite sur les instructions de Hugo à Guernesey en 1869, avec une trentaine d’autres rassemblant l’essentiel de son œuvre écrite jusque là : par ce geste conservatoire, Hugo donnait à cet écrit de jeunesse une place à part entière dans son œuvre.

Et de fait, en dépit de ses maladresses et de ses naïvetés (et peut-être par elles…), ce récit est déjà de la même plume que Les Misérables ou Quatre-vingt-treize : dans cette confrontation entre deux hommes — un maître et un esclave, un Blanc et un Noir — à Saint-Domingue en 1791 s’affirme, chez un Hugo encore adolescent, une protestation fondamentale contre l’injustice et l’humiliation.

Exposition «Le modèle noir de Géricault à Matisse» jusqu’au 21 juillet

Estampes, photographies, affiches, manuscrits ; la toute nouvelle exposition du musée d’Orsay Le modèle noir de Géricault à Matisse recèle de prêts exceptionnels de la BnF.

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