Entretien avec Antonio Seguí

Dans l’atelier d’Antonio Seguí - 2019 - Béatrice Lucchese / BnF

 

L’artiste argentin Antonio Seguí a fait don à la BnF de plus de 500 pièces – estampes, portfolios, livres illustrés – conservées au département des Estampes et de la photographie et à la Réserve des livres rares. À l’occasion de l’exposition que la Bibliothèque lui consacre, il revient sur sa pratique de l’estampe, du dessin et de la peinture.

Entretien

Comment avez-vous décidé de faire ce don à la BnF ?
Je vis en France depuis cinquante ans et il était naturel de penser à la Bibliothèque nationale de France pour sauvegarder la mémoire de mon travail. J’ai fait en parallèle un don de gravures au musée d’Art moderne de Buenos Aires. Par ailleurs, je donne à la Bibliothèque nationale d’Argentine un exemplaire de chacun de mes livres illustrés.
Vous êtes à la fois peintre, sculpteur et graveur. Comment ces activités s’articulent-elles dans votre création artistique ?
Je fais tout en même temps ! Ces pratiques se complètent ; je vais constamment de l’une à l’autre.
Vos racines sont sud-américaines mais vous êtes aussi imprégné de culture européenne ; de quels artistes vous sentez-vous proche ?
Je suis proche des artistes satiristes de l’expressionnisme allemand, de George Grosz, de Daumier, ou encore de Constantin Guys. Ils avaient cette capacité à saisir leur époque par le biais d’une posture, d’un vêtement… J’ai été très inspiré par les caricaturistes politiques que je voyais dans les journaux dans mon enfance, mais aussi par la bande dessinée… J’aime beaucoup Tintin !
Vos images sont souvent drôles et pleines d’un esprit d’enfance mais elles ont aussi un côté sombre. L’humour est-il une arme ?
Je suis né à Cόrdoba, dans une ville où l’humour est toujours présent. C’est un trou, pas très gai, pas très drôle. Celui qui est né là, s’il n’a pas d’humour, il est perdu ! L’humour est salvateur.
Le petit homme noir au chapeau, c’est vous ?
C’est mon ombre… Je dessine des hommes coiffés d’un chapeau parce que je ne me souviens pas d’avoir vu mon père ou mon grand-père sans chapeau. La culture de mon pays d’origine est toujours là ; mon travail est toujours une reconstruction historique de mon enfance, qui reste très présente.
On pense parfois à tort que vos œuvres racontent une histoire…
Il n’y a pas de narration dans mes images, il n’y a pas un début, un milieu et une fin : je laisse au spectateur le soin d’inventer sa propre histoire à partir de mes images. Elles montrent le théâtre de la vie.
Depuis 2002, vous réalisez des gravures au carborundum : que vous a apporté cette technique ?
J’ai pratiqué une grande variété de techniques de gravure : depuis la lithographie, le monotype, l’eau-forte, jusqu’à la sérigraphie. J’aime beaucoup le travail du carborundum notamment parce que c’est assez direct, immédiat. C’est une belle matière qui permet de dessiner des figures d’un noir dense, avec un langage d’une grande sobriété, très graphique.

Vous avez réalisé de nombreuses éditions illustrées ; pouvez-vous nous parler de la place du livre et de la lecture dans votre vie et dans votre création ?

Je lis beaucoup l’été quand je suis en Argentine, notamment de la littérature politique. Par ailleurs, j’aime beaucoup être fidèle avec mes illustrations aux textes d’écrivains que j’admire, tels Alberto Manguel, André Velter, Roger-Pierre Turine, Gilbert Lascault, Apollinaire, Jorge Luis Borges…

 

En savoir plus sur l’exposition consacrée à Antonio Seguí

Infos pratiques

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Horaires

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Mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi :
10h00 - 19h00

Dimanche :
13h00 - 19h00

Fermé le lundi et les jours fériés. Fermeture des caisses à 18h.

Accès

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Bibliothèque François-Mitterrand
Quai François Mauriac,
75706 Paris Cedex 13

 

 

Tarifs

Exposition en entrée libre (gratuit)