« Je suis un flâneur » – Entretien avec Paul Ickovic

Le photographe Paul Ickovic dit de lui-même qu’il est un vagabond. Il vit aujourd’hui en Slovénie, après avoir parcouru le monde. Chroniques est parti à sa rencontre. 
 
Boy and parm, Prague, Czechoslovakia © Paul Ickovic

 

Chroniques : Quel a été votre parcours en tant que photographe ? 

Paul Ickovic : Je suis un immigrant. Mes parents étaient tchèques et ont transité par le Royaume-Uni et la Colombie avant d’arriver à New York en 1957. J’avais 13 ans. C’est là que j’ai rencontré, grâce à un ami, le photographe de mode Louis Faurer, qui m’a encouragé à continuer à faire de la photo. C’était un grand artiste ; il m’a donné des conseils et m’a incité à ne pas faire de compromis. Il me disait : « Va donc te promener au Guggenheim ! ». J’ai tout appris en regardant, en lisant des livres et en allant voir les expositions du musée d’Art moderne de New York. Si je devais me décrire, je dirais que je suis un flâneur. Je marche dans les rues, parfois jusqu’à six ou huit heures d’affilée. Il arrive que rien ne se passe pendant toute une journée et le lendemain, la chance est là et je prends cinq photos. Bien sûr on essaie de planifier, mais le moment juste est imprévisible. 

Vous avez côtoyé des artistes comme Joseph Koudelka ou Henri Cartier-Bresson. De quels photographes vous sentez-vous le plus proche ?

Les photographies de Brassaï me touchent par leur humanité et par le choix de ses sujets ; je me sens proche des gens qu’il photographie, des gens de la rue. Mais Henri Cartier-Bresson avait un sens unique de la composition. C’est un maître inégalé de la géométrie. Il m’a beaucoup apporté. Il avait aussi des réflexes fantastiques. Lorsque je marchais avec lui dans Paris ou ailleurs, en un instant il pouvait disparaître et je le retrouvais debout sur le toit d’une voiture prenant une photo ! Richard Avedon le considérait comme le plus grand photographe du xxe siècle et je suis assez d’accord avec lui !

Que représente pour vous cette exposition à la BnF ?

Je suis honoré que la Bibliothèque nationale de France, une institution séculaire, m’ait ouvert ses portes. J’ai un très grand respect pour la France, pour la place de la culture dans ce pays et j’attends que le public français se prononce sur mon travail. Si cette exposition est bien reçue, j’en serai très heureux.

Propos recueillis par Sylvie Lisiecki

Entretien paru dans Chroniques n° 91, avril-juillet 2021.

 

En savoir plus sur l’exposition En transit : photographies de Paul Ickovic