Annie Ernaux. Prix Nobel de littérature 2022 - Bibliographie

Couverture de La Place d’Annie Ernaux. Gallimard, Folio, collector 2021 - DR
Figure majeure de la littérature contemporaine française, Annie Ernaux est la première autrice française à se voir décerner le Prix Nobel de littérature.
 
« pour le courage et la précision clinique avec lesquels elle dévoile les racines, l’étrangeté et les limitations collectives de la mémoire personnelle. »
Née le 1er septembre 1940 à Lillebonne, en Seine-Maritime, Annie Ernaux a grandi à Yvetot, en Normandie, où ses parents tenaient un café-épicerie. Devenue agrégée de lettres, elle entre en littérature en 1974 avec Les Armoires vides. Elle a publié depuis de nombreux ouvrages tous marqués par une dimension autobiographique, comme La Place (1983), La Honte (1996), ou Les Années, paru en 2008 et récompensé par plusieurs prix littéraires.
La plupart de ces titres ont été réunis en 2011 dans une édition Quarto (Gallimard) sous le titre Écrire la vie. Un Cahier de l’Herne riche de nombreux textes inédits lui a récemment été consacré.

Écrire la vie « comme un couteau »

Annie Ernaux est considérée comme l’une des principales représentantes du genre de l’autofiction. Ses textes ne cèdent pourtant jamais à la facilité et font une large place à l’expérimentation : sociobiographies, ethnotextes, journaux intimes ou « journal du dehors », récit avec ou sans photos, autobiographie romanesque, ils jonglent avec l’histoire, la sociologie et l’ethnologie, usent du témoignage comme du souvenir, des notes comme de l’observation. Le Temps est un thème principal de son œuvre, comme en témoigne la longue genèse des Années.
Lectrice de Simone de Beauvoir comme de Pierre Bourdieu et de Marcel Proust, elle a construit une œuvre qui mêle littérature et sociologie, féminisme et engagement social. Ses ouvrages évoquent le féminin sous l’angle de la sexualité et de l’intime, pour exprimer ce qui ne se dit pas : avortement clandestin, jouissance, honte de sa famille, règles, accouchement, maladie d’Alzheimer, cancer, etc.
Cette transfuge sociale a appris à utiliser la langue de l’« ennemi de classe » (qui est aussi celle de l’institution scolaire et de la littérature), pour décrire les déterminismes familiaux et ceux que cette langue exclut. Sa langue toute en litotes et en ellipses superpose ainsi les différents registres de l’oralité, populaire et distinguée. Elle a élaboré au fil des livres et des années une écriture « comme un couteau » pour rendre compte, tout en déjouant le risque de la trahison, et explorer les coins obscurs de la mémoire, celle de sa famille et celle de la société.

Annie Ernaux à l’étranger

 
Quelques traductions des livres d’Annie Ernaux
L’œuvre d’Annie Ernaux est connue dans le monde entier et a fait l’objet de nombreuses études à l’étranger.
Son œuvre a été traduite dans de nombreuses langues, par exemple 

Annie Ernaux à la BnF

Annie Ernaux est largement présente dans les collections de littérature de la BnF. L’essentiel de ses textes ainsi que de nombreuses études critiques la concernant sont consultables dans la salle H de la bibliothèque tous publics.
Elle a également confié au département des Manuscrits, en 2011 puis en 2017, un ensemble de documents comprenant des manuscrits, des dactylographies et des copies corrigées de la plupart de ses œuvres publiées. La BnF est donc le dépositaire de ce fonds précieux, témoin de la genèse d’une œuvre aujourd’hui mondialement couronnée.
En 2021, Annie Ernaux était également intervenue à la BnF dans le cadre d’une journée d’étude intitulée « Écrire sa vie, raconter la société. L’autobiographie au risque de la sociologie ».
« Annie Ernaux est l’une de nos plus grandes écrivaines, qui a su inventer au cœur de son intimité une écriture faite pour chacun, puissante et pénétrante », rappelle Laurence Engel, présidente de la BnF. « Elle s’inscrit dans la longue histoire de ces auteurs qui, depuis Victor Hugo ont décidé de confier leurs archives à la Bibliothèque nationale de France. La BnF est fière de voir son œuvre ainsi honorée, fière d’avoir été choisie par Annie Ernaux pour être l’écrin protecteur de ses manuscrits. »

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