Irène Bastard
Cheffe de projet publics et usages
Le pôle Études de la BnF conduit régulièrement une enquête barométrique afin de faire une « photo de famille » de l’ensemble des publics de l’établissement. En 2023, l’Observatoire a mué pour intégrer les publics culturels accueillis continuellement dans le musée et la salle Ovale sur le site de Richelieu. Le dispositif, confié à l’agence Voix Publics, a donc articulé un recrutement continu de juin à décembre sur le site de Richelieu, un recrutement ponctuel en octobre sur le site de François-Mitterrand et un recrutement sur les espaces en ligne pendant 1 mois dans la foulée. Au total, plus de 9000 personnes ont répondu à un moment ou un autre à nos (nombreuses) questions, merci !
L’analyse décline suivant les espaces (François-Mitterrand, Richelieu, en ligne) les caractéristiques des publics (âge, lieu d’habitation, activité, familiarité muséale et numérique) mais aussi leurs pratiques comme l’étude ou la visite. Comprendre les cadres d’usages, académiques, amateurs ou professionnels, permet ainsi à la BnF de mieux identifier les besoins et attentes de ses publics. C’est autant dans la mise en perspective des usagers service par service que dans l’identification des usagers transverses que se perçoit la construction d’un rapport à la Bibliothèque.
En septembre 2022, la BnF rouvrait les portes d’espaces depuis plus de 10 ans en rénovation sur le site Richelieu : le musée, la salle Ovale, la galerie Mansart pour les expositions, mais aussi les salles de lecture des estampes et cartes et plans, des monnaies et médailles, et de la musique. Autant d’espaces à découvrir, explorer, s’approprier pour des publics qui connaissaient déjà l’institution ou non. Si les publics de la réouverture sont forcément curieux et souvent familiers des espaces culturels, leurs premiers pas peuvent aider la BnF à mieux accompagner ceux qui viendront ensuite.
Pour cela, les Études de publics de la BnF ont initié diverses démarches d’observation des publics. En particulier, une enquête par questionnaire a été monté par l’agence Voix Publics, d’octobre 2022 à janvier 2023. Ce rapport et la synthèse sont partagés ci-dessous. En parallèle, des démarches plus qualitatives ont été entreprises avec des étudiants de la licence d’anthropologie de Paris Nanterre, des étudiants du master Métiers du livre de Paris Nanterre (sous la direction de Muriel Amar) et par des collègues du département « Découverte des Collections et Accompagnement à la recherche ». Ces approches n’ont pas toujours produit des rapports anonymisés donc ne font pas l’objet d’une publication sur le site bnf.fr, mais peuvent être consulté à la demande.
Le pôle « Études des publics » de la Bibliothèque nationale de France est en charge de la connaissance de tous les publics de l’établissement, aussi bien les visiteurs culturels que les usagers studieux, les publics in situ et à distance, avec des usages professionnels ou personnels. Pour cela, Irène Bastard et Floriane Zaslavsky, sociologues, pilotent un programme d’études faisant notamment appel à des chercheuses et chercheurs d’horizons divers.
Chaque année de nouveaux questionnements apparaissent, qui sont autant de pistes exploratoires susceptibles de déboucher sur des travaux de mémoire d’étudiants, dans différentes disciplines. Voici une liste indicative (et non exhaustive) des thématiques identifiées en cette rentrée 2023, pour lesquelles la BnF peut constituer un terrain d’observation. Si vous êtes enseignant-chercheur ou étudiant et que l’un de ces axes vous intéresse, vous pouvez directement écrire au pôle étude (adresses en bas de page) ! Cela sera l’occasion d’amorcer une discussion permettant d’affiner des problématiques et possibilités d’enquête.
Sujets d’étude sur les publics de la BnF pour des travaux de mémoire ou d’étudiants :
Les moteurs de venue à la BnF sont nombreux : on fréquente ses salles de lecture pour consulter ses collections, mais aussi pour y trouver une atmosphère propice à la concentration et y fréquenter ses pairs. Ce rapport se penche spécifiquement sur ce dernier point en adoptant un angle particulier, puisqu’il s’agit de cerner la façon dont un public particulier, celui des jeunes chercheurs et chercheuses (entendus ici comme les doctorants et jeune docteurs n’ayant pas encore de poste à l’université), investit la Bibliothèque en tant qu’espace de travail et lieu de sociabilité. Il repose sur une enquête de terrain menée en 2021 et 2022, par entretiens et observations, ainsi que sur les données statistiques régulièrement produites par la délégation à la Stratégie et à la recherche de la BnF. Cette enquête offre l’occasion de cerner la position particulière des espaces de recherche du site François-Mitterrand, très liés au monde académique tout en lui restant périphériques. Elle permet de surcroît d’appréhender la façon dont la recherche se fait aujourd’hui et les défis matériels auxquels sont confrontés les jeunes chercheurs et chercheuses.
Consulter le rapport complet sur Hal
À l’automne 2020, 5198 enquêtés ont pris le temps de répondre aux multiples questions de l’Observatoire des publics, et 2700 avaient ajouté des commentaires en fin d’enquête : merci à celles et ceux qui ont pris soin de nous faire ces retours !
Cette grande enquête, reconduite régulièrement par l’établissement, vise à prendre une « photo de famille » de nos publics. L’édition 2020, diffusée uniquement en ligne, a permis de questionner l’ensemble des activités de nos usagers, à distance et sur place, pour des démarches studieuses ou du loisir. La synthèse de l’observatoire est maintenant disponible : elle résume les grands enseignements de cette enquête et les perspectives renouvelées sur nos publics, au fil des évolutions de nos services et des pratiques.
Si cette étude ne peut rendre compte des singularités de chacun de nos publics, elle permet d’identifier quelques grandes lignes de partage distinguant les pratiques et les offres servant de trait-d’union entre nos usagers.
Tout d’abord, certains utilisent un service de la BnF en particulier (Gallica, les salles de lecture, les activités culturelles) quand d’autres ont fait de l’établissement un réservoir de ressources et contenus multiples. Cette porosité des usages se construit bien sûr dans la durée, et ce sont nos publics les plus anciens qui indiquent se servir de la BnF comme d’un couteau suisse. Cette observation est d’autant plus nette que l’édition 2020 de l’Observatoire a été réalisée uniquement par un recrutement en ligne et donc les usagers à distance y figurent en bonne place : plus de 60% des répondants résident hors de l’Île-de-France, un tiers n’est jamais venu in situ. C’est bien la dimension « nationale » de notre établissement qui s’observe dans ces résultats, notamment grâce à la bibliothèque numérique Gallica mais aussi grâce aux offres culturelles à distance (expositions.bnf.fr, classes.bnf.fr) ou aux relais dans divers espaces comme les réseaux sociaux.
Ensuite, ces usages multiples se font dans des cadres d’activité différenciés : certains viennent réviser un concours en salle, d’autres se piquent de curiosité pour les conférences ou explorent leur généalogie à travers la presse numérisée… Ainsi, si les salles de lecture accueillent principalement des publics académiques (étudiants, doctorants, enseignants-chercheurs), l’Observatoire des publics donne à voir, d’une part, les publics professionnels qui se remarquaient déjà dans les enquêtes de 2016 portant sur le catalogue général ou le site bnf.fr mais plus encore, d’autre part, les publics amateurs, qui mènent des recherches par intérêt personnel pour l’histoire ou la littérature. Ce public est significativement plus âgé et globalement moins diplômé que les publics académiques, montrant une certaine diversification des utilisateurs des ressources de la BnF grâce en particulier à Gallica.
Enfin, les enquêtés expriment de nombreuses fois leurs gratitudes à l’égard du personnel en particulier et du travail de l’institution en général, soulignant à la fois l’ampleur de la tâche à réaliser et la qualité des échanges avec les agents. Si le taux de satisfaction mesuré dans l’enquête est très élevé et nous conforte dans nos actions, nous porterons bien évidemment un intérêt particulier aux critiques qui s’expriment, notamment de la part des usagers intensifs comme les doctorants, dont la situation et la nature du travail mettent à l’épreuve nos services et modalités de mise à disposition des collections et méritent un plan d’action précis sur certains points.
Ce qui réunit l’ensemble de ces divers pratiques et profils d’usagers se trouve dans l’attachement à des collections et un patrimoine d’une richesse exceptionnelle, l’attention à la valorisation de ces collections autant à travers les recherches qu’à l’occasion des activités culturelles, et le souhait de mieux être accompagné dans l’appropriation de ces ressources et des outils permettant de les explorer. Ces résultats engagent bien sûr l’établissement tant à poursuivre ses missions avec soin qu’à porter attention à ces observations pour le développement de ses offres et ses services.
Les résultats détaillés de l’Observatoire des publics sont disponibles à la demande.
Cheffe de projet publics et usages
Chargée d’études publics et usages