Lancelot, l’éternel amant de la reine Guenièvre, du Moyen Âge à nos jours
25 Mai. 2025 Durée : 1 h 9 min
Un cycle de conférences explore l’origine médiévale et les métamorphoses de quatre personnages emblématiques de la légende arthurienne. Cette dernière séance présente Lancelot, chevalier hors pair de la Table ronde.
Lancelot, contrairement à de nombreux autres personnages du légendaire arthurien, n’est mentionné ni dans les sources galloises, ni dans les textes fondateurs que sont l’Historia regum Britaniae de Geoffroy de Monmouth (1136) et le Roman de Brut de Wace (1155). Sa première apparition se trouve dans le roman de Chrétien de Troyes, Le Chevalier de la charrette où il est l’amant de la reine Guenièvre, l’épouse du roi Arthur (1178-1181). Promis à une postérité littéraire d’une grande richesse, ce chevalier, dont pourtant Chrétien ne termina pas l’histoire, se révèle dès le Moyen Àge à la fois fils adoptif d’une fée et amant de la reine, mais aussi grand rival de Tristan et opposé à Gauvain et à son lignage dans la guerre féodale qui aboutit à la chute du royaume arthurien.
Des récits médiévaux aux reprises contemporaines, en passant par l’oubli – qu’on pourra nuancer – des XVIIe-XVIIIe siècles, le parcours de l’extraordinaire carrière de ce chevalier dans les arts et les lettres, permet de mettre en avant quelques motifs particulièrement appréciés, dont son enfance féerique auprès de la Dame du Lac, son amour pour Guenièvre, sa relation avec la demoiselle d’Escalot ou avec le roi Arthur, son seigneur, qu’il trahit par sa passion adultère au mépris des lois féodales. S’il bénéficie de l’engouement actuel pour la matière de Bretagne, il a été aussi concurrencé par des personnages féminins, la triste demoiselle d’Escalot, la féerique Viviane et l’adultère Guenièvre. Délaissé par Chrétien de Troyes au profit d’Yvain ou Perceval, mais doté – ce qui est exceptionnel au XIIIe siècle, d’un très beau portrait dans le Lancelot en prose (un long roman en prose appelé à devenir l’un des textes matriciels, sur la longue durée, du légendaire arthurien), Lancelot, actuellement, est peut-être moins présent dans les reprises littéraires que dans les arts visuels, du cinéma à la bande dessinée, et dans l’éternelle rivalité qui l’oppose à Tristan, après un XIXe siècle wagnérien qui préféra l’amant d’Iseult, il a aujourd’hui, semble-t-il, reconquis une place de premier plan à la Table ronde.
Christine Ferlampin-Acher
Professeure de littérature médiévale à l’université de Rennes 2
Un cycle de conférences explore l’origine médiévale et les métamorphoses de quatre personnages emblématiques de la légende arthurienne. Cette dernière séance présente Lancelot, chevalier hors pair de la Table ronde.
Lancelot, contrairement à de nombreux autres personnages du légendaire arthurien, n’est mentionné ni dans les sources galloises, ni dans les textes fondateurs que sont l’Historia regum Britaniae de Geoffroy de Monmouth (1136) et le Roman de Brut de Wace (1155). Sa première apparition se trouve dans le roman de Chrétien de Troyes, Le Chevalier de la charrette où il est l’amant de la reine Guenièvre, l’épouse du roi Arthur (1178-1181). Promis à une postérité littéraire d’une grande richesse, ce chevalier, dont pourtant Chrétien ne termina pas l’histoire, se révèle dès le Moyen Àge à la fois fils adoptif d’une fée et amant de la reine, mais aussi grand rival de Tristan et opposé à Gauvain et à son lignage dans la guerre féodale qui aboutit à la chute du royaume arthurien.
Des récits médiévaux aux reprises contemporaines, en passant par l’oubli – qu’on pourra nuancer – des XVIIe-XVIIIe siècles, le parcours de l’extraordinaire carrière de ce chevalier dans les arts et les lettres, permet de mettre en avant quelques motifs particulièrement appréciés, dont son enfance féerique auprès de la Dame du Lac, son amour pour Guenièvre, sa relation avec la demoiselle d’Escalot ou avec le roi Arthur, son seigneur, qu’il trahit par sa passion adultère au mépris des lois féodales. S’il bénéficie de l’engouement actuel pour la matière de Bretagne, il a été aussi concurrencé par des personnages féminins, la triste demoiselle d’Escalot, la féerique Viviane et l’adultère Guenièvre. Délaissé par Chrétien de Troyes au profit d’Yvain ou Perceval, mais doté – ce qui est exceptionnel au XIIIe siècle, d’un très beau portrait dans le Lancelot en prose (un long roman en prose appelé à devenir l’un des textes matriciels, sur la longue durée, du légendaire arthurien), Lancelot, actuellement, est peut-être moins présent dans les reprises littéraires que dans les arts visuels, du cinéma à la bande dessinée, et dans l’éternelle rivalité qui l’oppose à Tristan, après un XIXe siècle wagnérien qui préféra l’amant d’Iseult, il a aujourd’hui, semble-t-il, reconquis une place de premier plan à la Table ronde.