La philosophie féministe : penser l’indigne, politiser l’intime
Dans la continuité de cette saison consacrée à la place des femmes en philosophie, cette deuxième séance met en lumière la pensée féministe. Camille Froidevaux-Metterie y montre comment elle politise l’intime et redonne sens à des expériences longtemps jugées « indignes ».
Être philosophe, quand on est une femme, c’est prendre à rebours des siècles d’entre-soi masculin de la pensée pour tenter de faire entendre sa voix et se forger une légitimité. Être féministe, quand on est une femme philosophe, c’est s’attaquer aux racines de cette exclusion en retournant la tradition philosophique comme un gant.
Sur le plan de la méthode, il s’agit de rejeter la posture de surplomb du philosophe-individu évoluant dans le ciel des idées, très au-dessus du sol, pour défendre une démarche de pensée collective enracinée dans les expériences vécues singulières et valorisant l’écriture en première personne. Sur le plan des objets, il s’agit d’élever à la dignité philosophique des thématiques ordinaires, matérielles, incarnés, pour en démontrer la nature intrinsèquement politique.
La philosophie féministe se saisit de tout ce qui avait été jusque-là relégué du côté de l’indigne, et donc de l’impensable : le corps et les émotions, la nature et le vivant, l’infériorisation et l’oppression des femmes et des personnes « féminisées ». La démarche de phénoménologie féministe que je mets en œuvre s’inscrit dans cette perspective de renouvellement épistémologique et conceptuel.
À partir de Simone de Beauvoir qui a inauguré la phénoménologie féministe, et d’Iris Marion Young qui l’a augmentée de l’approche par le genre, je pense les dimensions incarnées de la vie des femmes sous le double aspect de leur objectivation-aliénation et de leur libération-réappropriation. Pour ce faire, je pratique une méthode d’enquête phénoménologique consistant à recueillir des récits de soi au prisme du thème étudié (les seins, la grossesse, le vieillissement). J’en donnerai une illustration en évoquant mes recherches en cours sur la nécessité de repenser les âges de la vie, et spécifiquement le tournant de la cinquantaine qui marque un paroxysme de sexisme doublé d’âgisme.
Par Camille Froidevaux-Metterie, philosophe et professeure de science politique, université de Reims Champagne‑Ardenne, spécialiste des théories féministes
Informations pratiques
Entrée gratuite – Réservation conseillée – Ouverture des réservation un mois avant l’événement
Il est recommandé de se présenter en avance (jusqu’à 20 minutes avant la manifestation).
Date et Horaires

Jeudi 12 février 2026
18 h 30 - 20 h
Accès

François-Mitterrand - Petit auditorium
Quai François-Mauriac – Paris 13e
Entrée Est face à la rue Émile Durkheim
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