Entre le XIVe et le XVIe siècle, l’Europe connaît un renouveau intellectuel, artistique et scientifique sans précédent. Désignée plus tard sous le nom d’« humanisme », une culture s’invente, marquée par un nouveau rapport au savoir et un retour aux sources gréco-latines. La BnF consacre une exposition à ce mouvement de pensée, en proposant un parcours à travers plus de 240 œuvres, manuscrits, livres imprimés, estampes, dessins, sculptures, objets d’art, monnaies… qui plonge le visiteur dans l’univers des humanistes de la Renaissance.
La postérité a consacré sous le nom de Renaissance cette effervescence intellectuelle, artistique et scientifique nouvelle. L’humanisme en constitue le cœur : né dans l’Italie du XIVe siècle et caractérisé par le retour aux textes antiques et la restauration des valeurs de civilisation dont ils étaient porteurs, le mouvement humaniste a produit en Occident un modèle de culture nouveau, qui a modifié en profondeur les formes de la pensée comme celles de l’art. Les princes et les puissants s’en sont bientôt emparés pour fonder sur lui une image renouvelée d’eux-mêmes, comme l’attestent tout particulièrement les grandes et magnifiques bibliothèques qu’ils ont réunies.
Le parcours de l’exposition conduit du cabinet de travail privé du lettré s’entourant de ses livres dans son studiolo jusqu’à l’espace ouvert au public des grandes bibliothèques princières. Entre ces deux moments qui disent l’importance capitale des livres et de leur collecte, le visiteur est invité à explorer les aspects majeurs de la culture humaniste de la Renaissance : le rôle fondateur joué au XIVe siècle par Pétrarque et sa bibliothèque ; la redécouverte des textes antiques et la tâche de leur diffusion par la copie manuscrite, le travail d’édition, la traduction ; l’évolution du goût et des formes artistiques qu’entraîne une connaissance toujours plus étendue du legs de l’Antiquité ; la promotion nouvelle de la dignité de l’être humain et des valeurs propres à sa puissance d’action et de création, telles que le programme humaniste de célébration des hommes illustres les exalte.
Tout au long du parcours, manuscrits magnifiquement calligraphiés et enluminés et livres imprimés à la mise en page et l’illustration renouvelées par des modèles empruntés à l’Antiquité sont replacés dans le dialogue que l’art du livre de la Renaissance ne cesse d’entretenir avec l’ensemble des arts plastiques et visuels du temps : peinture et sculpture, art de la médaille et de la reliure, gravure et dessin.
François Demoulins de Rochefort, Commentaires de la guerre gallique, enluminé par Godefroy le Batave et Jean Clouet - BnF, département des Manuscrits
La culture des lettres promue par les humanistes est ainsi réunie au culte de la beauté par lequel ils entendaient créer les conditions propices à l’établissement d’un rapport neuf et toujours plus étroit avec la culture de l’Antiquité : un rapport qui ne faisait pas seulement de la civilisation antique une matière d’étude mais aussi l’objet d’une véritable « renaissance », qui n’envisageait pas seulement cette civilisation comme un monde de connaissances historiques mais aussi comme un monde de valeurs toujours actuelles, de manière à accomplir la promesse d’humanité contenue dans le mot même d’humanisme.
Une scénographie sobre, au service des œuvres et de leur mise en relation, met à profit les volumes de la galerie Mansart de la BnF Richelieu, pour enchaîner dans l’unité d’un récit les cinq grands chapitres de l’exposition. Ils conduisent du XIVe au milieu du XVIe siècle, tout en suivant l’ordre thématique que leurs titres indiquent :
« Le studiolo » ; « Pétrarque et la naissance de l’humanisme » ; « De l’étude de l’Antiquité au goût de l’antique » ; « Le savoir et la gloire » ; « De la bibliothèque humaniste à la bibliothèque princière ».
Des cartes, des chronologies ainsi que des dispositifs audiovisuels de médiation fournissent au public le plus large les repères principaux qui permettent de mieux pénétrer dans le cours d’une histoire qui a changé le destin culturel de l’Occident.
Commissariat
Jean-Marc Chatelain, directeur de la Réserve des livres rares, BnF
Gennaro Toscano, conseiller scientifique pour le musée de la BnF à la direction des Collections
En partenariat avec Le Point, Connaissance des Arts, Le Figaro et Arte, et avec le soutien de la Fondation Etrillard.
Infos pratiques
Horaires
Du mardi au dimanche :
10 h - 18 h (20 h le mardi)
Ouverture étendue les samedis du 4 mai au 15 juin 2024 inclus : 10 h - 20 h
Fermé le lundi et le 1er mai
Fermeture des caisses à 18 h (19 h 15 le mardi)
Accès
Richelieu – Galerie Mansart - galerie Pigott
5, rue Vivienne – 75002 Paris
De viris illustribus de Pétrarque (1304-1374) copié par Lombardo della Seta et enluminé par Altichiero da Zevio et un enlumineur bolonais - Padoue, 1379 - BnF, département des Manuscrits
Frontispice à l’antique, dans Suètone, Vie des douze Césars, par Gaspare da Padova (enlumineur) et Bartolomeo Sanvito (scribe) - Rome, vers 1475 - BnF, département des Manuscrits
Triomphe de César : les porteurs de corselets, gravure présumée de Giovanni Antonio da Brescia d’après Andrea Mantegna - Mantoue, vers 1500-1504 - BnF, département des Estampes et de la photographie
Reliure à la grecque en maroquin citron aux armes d’Henri II, à décor de rinceaux dorés et peints, Nouveau testament en grec, par R. Estienne - Paris, 1550 - BnF, Réserve des livres rares
Bande annonce de l'exposition « L’invention de la Renaissance. L’humaniste, le prince et l’artiste »BnFDurée : 33 s
Revue de presse
Interview de Gennaro Toscano, conseiller scientifique pour le musée de la BnF, la recherche et la valorisation des collections, et co-commissaire de l’exposition
« L’invention de la Renaissance » L’humaniste, le prince et l’artiste
L’hommage, réflexif, didactique et savant que la BnF rend à la culture, met en scène des trésors insignes et retrace une épistémè, le meilleur de l’Occident. Les cartels sont instructifs, le catalogue magnifique.
Une exposition sensationnelle à la BnF : « L’invention de la Renaissance : l’humaniste, le Prince et l’artiste »
La Bibliothèque nationale de France, à Paris, explore avec élégance et profondeur la genèse d’un mouvement de la pensée, des arts et de la politique qui inaugura une nouvelle ère.